10 bonnes raisons d'aller chez le psy.

Huit millions de Français ont déjà consulté un psy. Et ce n'est plus aujourd'hui un sujet tabou. France-Soir vous explique pourquoi consulter peut être utile.



Il y a quelques années, la périphrase était de rigueur : on ne consultait pas un psy, on allait « voir quelqu’un », et plutôt en rasant les murs. Les thérapies, dans l’esprit des non-initiés, étaient réservées aux fous. Ou jugées trop chères, trop « intellos »… Aujourd’hui, près de 8 millions de Français consultent un psy, et sans aucun complexe. Que ce soit pour surmonter un mal-être passager, un deuil, ou par simple curiosité, 87 % d’entre eux confient en ressortir apaisés. Les plus convaincus (ou angoissés) y emmènent leurs enfants, voire leur nourrisson ! « Je reçois même des parents qui viennent dans une optique préventive, pour anticiper un divorce par exemple », observe le psychiatre Stéphane Clerget.

Pour déterminer si quelques séances vous seraient profitables, le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger livre dix bonnes raisons d’aller consulter. Mais encore faut-il s’y retrouver dans la nébuleuse psy, à l’heure où les thérapies fleurissent. Faut-il s’engouffrer dans la vogue comportementaliste, préférer un psychanalyste, un psychiatre ? Et comment éviter les charlatans ?

Il est parfois difficile de faire la distinction entre un mal-être passager et une vraie névrose aux racines profondes. A quel moment faut-il envisager de consulter un spécialiste ? Réponse avec le Dr Robert Neuburger, psychiatre et thérapeute de couple, auteur de Première séance, 20 raisons d’entreprendre (ou non) une psychothérapie (sortie le 3 novembre aux éditions Payot).

1.Vous répétez les mêmes échecs
Il faut s’interroger quand les défaites personnelles se suivent et se ressemblent. « J’ai le souvenir d’une patiente qui répétait toujours le même mécanisme d’échec amoureux : la relation démarrait sous les meilleurs auspices, mais à chaque fois, elle finissait par harceler son compagnon en se montrant jalouse et possessive. Elle savait pertinemment que ce comportement allait conduire à la rupture mais elle n’arrivait pas à s’en empêcher », raconte Robert Neuburger. Sur le plan professionnel, une personne qui se trouve systématiquement en conflit avec les autres salariés de l’entreprise doit consulter.

2. Vous commettez des actes manqués
Les actes manqués n’ont rien à voir avec une erreur de distraction : ils représentent au contraire un désir refoulé qu’on ne peut pas exprimer consciemment. « On a un entretien très important le matin et on ne se réveille pas, on rencontre l’homme de sa vie et on perd son numéro… Tous ces actes manqués ont une signification cachée », explique notre spécialiste. Seul un psy pourra comprendre ce que notre inconscient essaie de nous dire à travers ces rendez-vous.

3. Vous souffrez physiquement
Crise d’angoisse, migraines, douleurs au ventre : il faut s’inquiéter lorsque ces manifestations physiques sont liées à une souffrance psychologique récurrente ou à une période de stress qui s’éternise. « Certains patients ont des crises d’angoisse fréquentes sans en connaître la raison, ce qui achève de les angoisser », remarque Robert Neuburger. Le corps révèle alors un mal-être inconscient qui nécessite un traitement.

4. Vous vous enfermez dans des situations malsaines
Il faut s’alarmer lorsque l’on sait qu’une situation est désespérée mais qu’on n’arrive pas à y mettre un terme, par exemple si on persiste à entretenir une relation amoureuse vouée à l’échec. « De nombreux patients attendent toute leur vie une reconnaissance de leurs parents, en vain, sans réussir à tourner la page. La souffrance causée par ce genre de traumatismes est tellement forte qu’elle empêche de vivre. »

5. On vous juge déprimé
« Il faut se méfier de ceux qui vous répètent que vous êtes déprimé, ils n’ont pas forcément de bonnes intentions. On peut facilement être mis dans la case “dépressif” alors qu’on va très bien. Consulter permet d’utiliser son vague à l’âme pour mieux se comprendre, sans se laisser enfermer dans un diagnostic erroné », conseille le Dr Neuburger. Attention : réfléchissez à deux fois si votre médecin généraliste souhaite vous prescrire des antidépresseurs. « Nous vivons dans une société où on n’a pas le droit d’être triste. Les antidépresseurs sont des modificateurs d’humeur, mais ils ne font pas disparaître les problèmes. »

6. Vous doutez de vous
Douter en permanence de ses capacités constitue un sérieux handicap sur le plan professionnel et amoureux. « Certaines personnes se montrent défaitistes pour conjurer le sort. Mais d’autres manquent tellement de confiance qu’elles pensent vraiment être incapables de réussir. Elles s’attribueront toujours la responsabilité des échecs de leur vie, à cause d’un sentiment de culpabilité parfaitement irrationnel », souligne le psychiatre.

7. Vous hésitez en permanence
L’hésitation peut devenir pathologique, par exemple lorsqu’on n’arrive pas à entretenir une relation avec quelqu’un sans s’interroger en permanence. « Il est nécessaire de consulter lorsque chaque événement du quotidien donne lieu à une réflexion profonde qui ne mène finalement nulle part. A force d’hésiter, on ne prend aucune décision et on n’avance pas. »

8. Vous avez des sautes d’humeur
La thérapie peut être utile si vous passez rapidement d’un état de tristesse à un état d’excitation ou d’irritation, de manière répétitive et inexpliquée, sans rapport avec d’éventuels changements hormonaux. « Les sautes d’humeur liées à un malaise psychique sont incontrôlables. Il ne faut pas les confondre avec un simple trouble de la personnalité », indique Robert Neuburger.

9. Vous avez vécu un traumatisme personnel

Abus sexuel, deuil, accident… autant de traumatismes qui nécessitent souvent l’intervention d’un professionnel, à condition que vous en ressentiez le besoin. « La thérapie n’est pas une prescription antibiotique. C’est avant tout une décision personnelle. Certains ont une capacité de résilience importante qui leur permet de dépasser de graves traumatismes. »

10. Vous avez envie de vous découvrir
« C’est le point le plus important. Avant d’entamer une psychothérapie, il faut être curieux de comprendre ce qui vous anime et de découvrir vos désirs inconscients. D’une façon générale, un spécialiste peut vous aider si vous ressentez un mal-être et que vous avez conscience d’en être en partie responsable, en l’absence d’un événement extérieur identifié », conclut Robert Neuburger.



Rédigé le Jeudi 4 Novembre 2010 modifié le Jeudi 4 Novembre 2010
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