Dire des contes, ce n’est pas se raconter des contes

Par Jacques SALOMÉ - Psychosociologue



Les contes ont tenu dans ma vie d’adulte, autant de place que dans mon enfance, à tel point que j’en ai beaucoup écrit. « Les contes ne parlent pas du monde de l’enfance, mais de l’enfance du monde » disait Henri Gougaud, un des conteurs les plus extraordinaires qu’il m’a été donné de lire et d’écouter.

Les contes remplissent une foultitude de fonctions parfois conscientes mais surtout inconscientes. Ils permettent de dire non seulement les désirs les plus fous, d’exprimer les sentiments les plus sublimes, mais aussi de parcourir quelques-uns des labyrinthes qui irriguent et nourrissent les désirs. Qu’un désir puisse se situer "au carrefour des jambes et du ventre", dans les méandres complexes de notre esprit, dans les limbes infinis de nos rêves ou dans ceux encore plus enchevêtrés de notre coeur, un conte peut aider ce désir à se découvrir, peut-être aussi à s’accepter, à trouver un espace ou pourquoi pas à se concrétiser dans un coin de réalité, à moins qu’il ne permette tout simplement de continuer à allumer des étoiles dans notre imaginaire et à faire danser les petites lucioles de nos rêves. En stimulant en nous les neurones de l’espérance, les contes nous relient à l’immensité
d’un savoir universel dont chacun d’entre nous est partie prenante, même si nous ne le savons pas toujours. Ils peuvent nous aider à relier entre elles des connaissances subtiles, à tisser des reliances entre le possible et l’impossible qui se combattent, voire se déchirent en nous. Ils ont le pouvoir de nous éclairer sur quelques-uns des mystères de la condition humaine et nous donnent ainsi accès à une compréhension plus nuancée et plus authentique de notre histoire personnelle.

De ce fait, il vaut mieux le savoir et l’accepter, les contes envoient des messages à notre inconscient. Un inconscient familier de leur univers, qui sait bien dialoguer avec eux, tout en ayant l’habileté et la délicatesse de nous permettre de nous réjouir, sans aucune culpabilité ni réserve vis-à-vis des savourances (oui je sais, mais je préfère ce nom à celui de saveur) langagières que les contes nous
offrent avec une générosité renouvelée.

« Il était une fois, une petite grenouille qui avait très peur d’aimer. Elle croyait que l’amour était la source de beaucoup de souffrances quand il n’était pas partagé, aussi… » Un conte commence et nous emporte dès les premiers mots, il nous ensorcelle dès les premières images qui se télescopent en faisant vibrer des sentiments et des ressentis endormis ou en jachère.

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Rédigé le Mercredi 23 Avril 2014 modifié le Jeudi 29 Mai 2014
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