Hypnose musicale: de BACH à DEBUSSY. Dr Stephane OTTIN PECCHIO

Grand amateur de JS BACH, et mes patients le savent bien, je ne pouvais passer sous silence ce texte de Stéphane Ottin Pecchio dans la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°30



En présentant aux congrès de Brème et de Strasbourg les processus hypnotiques que l’on trouve dans les oeuvres de Bach et Debussy, j’ai associé deux compositeurs qui, à première vue, s’opposent.

La musique de J-S. Bach, comme toute la musique baroque, exerce un effet apaisant. Cela s’explique par le fait qu’elle est basée sur la tonalité, qui prend elle-même sa source dans les premières harmoniques du son définies par Pythagore quatre siècles avant notre ère. La tonalité donne un repère de stabilité et l’harmonie fait du bien. « L’harmonie c’est ce qui sonne bien à l’oreille » dit Narcis Bonet, professeur d’harmonie à l’Ecole Normale de musique de Paris. Quand on fait entendre des sons consonants à des enfants de deux ans, ceux-ci tournent la tête vers ces sons harmonieux. Les sons dissonants leur font tourner la tête de l’autre côté.

Jean-Sébastien Bach (1685-1750) souffrait de l’angoisse de la mort. Etonnant pour quelqu’un qui a écrit une musique qui mène à la sérénité ? Sauf s’il l’a composée pour se soigner lui même. Orphelin - il a perdu sa mère à 9 ans et son père l’année suivante - il a finalisé le clavier bien tempéré le repère à la base de la musique classique qui permet de jouer dans toutes les tonalités. Au cours de sa vie, il a perdu 14 des 20 enfants que ses 2 femmes successives lui ont donnés. Même si à l’époque le fait était courant étant donné le niveau élevé de mortalité infantile, Bach ne s’en remettait pas. Il aurait cherché longtemps de quelle maladie il souffrait, maladie dont aucun médecin ne trouvait la cause, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il était tout simplement triste de la mort de ses enfants3. Excellent pédagogue, il s’est remarquablement occupé des survivants qui ont été de merveilleux musiciens, et dont les enfants, et ceux de ses élèves, ont transmis son rayonnement jusqu’à nos jours. Dans la dernière partie de son oeuvre, il a atteint un degré d’universalité dans sa création, touchant ainsi un but qui dépassait l’être humain et sa souffrance. Pianiste et organiste hors du commun, on sait aujourd’hui que, par le massage cérébral4 qu’ont exercé quotidiennement les influx moteurs et sensitifs de ses deux mains, associés à la stimulation sonore de toutes les aires corticales ainsi que celle du système limbique par les émotions, il a, comme tous les musiciens professionnels, augmenté le volume de son cortex et surtout de son corps calleux, la structure qui relie les deux hémisphères et qui couple les deux cerveaux5. De cette manière il a structuré à la fois son cerveau et son esprit.

Ainsi est obtenue en hypnose musicale la première étape indispensable au travail hypnotique : l’installation d’un espace de calme et de sécurité en utilisant la régularité de la pulsion – pulsion de vie pour Bach – et les harmonies tonales. A partir de cet état le patient pourra aborder tous les éléments de sa vie psychique, mais de façon distanciée. Ici s’établit donc la différence entre la musique jouée pour accompagner l’hypnose et la musicothérapie qui, elle, a pour objectif premier de libérer les émotions et faciliter la communication. En hypnose, ce n’est qu’après avoir instauré cet état de calme et de distance qu’un travail sur les émotions pourra être entrepris.

Ces émotions seront d’ailleurs exprimées dans la période dite « romantique », qui va succéder à la musique baroque, et qui reste de la musique « classique » puisqu’elle respecte le cadre de la tonalité. A la fin du XIXe siècle, Claude Debussy (1862-1918), musicien de l’imaginaire, va, comme d’autres musiciens de son temps, chercher à sortir des formes conventionnelles. « Plus que tout autre, il est allé au bout des possibilités de l’harmonie » selon Narcis Bonet. Curieusement, Debussy déteste que l’on qualifie sa musique d’« impressionniste ».

C’est parce les musiciens académiques de son temps associent à ce terme un manque de clarté et des contours imprécis. En fait, il considère sa musique comme un travail sensible mais aussi de précision et de vérité : il veut décrire non pas le réel mais ce que l’individu perçoit. Pour cela il faut échapper à l’étroitesse classique qui enferme la création musicale dans des écoles, des règles d’apparence qui ne permettent pas d’exposer la profondeur, l’individualité. « Sa musique ne vivra pas car elle n’a pas de formes » écrira Vincent d’Indy, fondateur de la Schola Cantorum, à la sortie de Pelléas et Mélisande en 1908. Mélisande, vulnérable, faible, morbide, est à l’image de la génération de la fin de ce siècle qui se détachait, écoeurée, de la vie6.

STEPHANE OTTIN PECCHIO Rhumatologue et musicien thérapeute. Anime des stages dans lesquels il enseigne comment accompagner l’hypnose avec le piano, le bol tibétain, la voix et le toucher corporel.


LANCER LES NÉCESSAIRES DÉBATS - Dr Thierry Servillat
Ça y est, les temps ont changé : l’hypnose – au moins la chirurgicale – entre dans tous les hôpitaux ou presque, et de nombreuses cliniques s’y mettent. Et en « ville », comme on dit, de plus en plus de thérapeutes brefs utilisent l’hypnose, consciemment ou non. Une sorte de consensus s’installe, renforcé par l’avis plutôt favorable récemment émis par l’Académie de Médecine.

TERRA HYPNOSIA - Dr Dominique MEGGLÉ Conférence donnée au VIII° Forum de la CFHTB à Strasbourg le 18 mai 2013
LES VIEILLES CARTES SONT PRÉCIEUSES
Dans un style de plus en plus affirmé, Dominique Megglé proclame ses convictions sur ce qui lui paraît essentiel de l’hypnose thérapeutique. En reparcourant le travail d’Erickson qu’il vit lui-même dans son propre voyage vital. Avec lui, HYPNOSE & Thérapies brèves est heureuse de lancer le débat !

LA BELLE ET LA BÊTE - Marilia BAKER
S’IMPLIQUER À DEUX. Conte d’origine française, La Belle et la Bête est très connu outre Atlantique. Marilia Baker, thérapeute brésilienne vivant en Arizona, nous montre comment il peut être richement utilisé en thérapie de couple.

ÊTRE THÉRAPEUTE - Jean-Philippe VERON.
UN FILM D’ERREURS EN 3D Ostéopathe devenu psychologue, Jean-Philippe Veron aborde sous trois angles comment l’erreur fait partie intégrante de la vie de thérapeute. Sur le mode de l’humour, une question éthique centrale est posée. Un texte publié avec l’accord de l’association Paradoxes.

LES COULEURS DU PLAISIR - Joëlle MIGNOT
PORTES VERS LE SUBLIME Fine connaisseuse de l’utilisation de l’hypnose en sexologie, Joëlle Mignot développe les connexions intimes entre couleurs et accès à l’un des grands plaisirs de la vie. Pour une hypnose subtile qui nous redit que le sexe est une relation créative.

HYPNOSE ET NEUROSCIENCES - Dr Luc FARCY et Dr Adrien LORETTE
UN DIALOGUE FRUCTUEUX ET SÉCURISANT Fini le temps où le clinicien ne pouvait appréhender les neurosciences que sous l’angle d’une fascination bien souvent stérile et d’ailleurs généralement temporaire ou intermittente. Une nouvelle manière de voir est présentée ici, où le clinicien peut trouver dans les résultats des chercheurs des résonances de sa pratique quotidienne qui vont le rassurer et stimuler sa créativité.

Petites poucettes - Dr Thierry SERVILLAT
Printemps 2013, France, un jeune philosophe de 83 ans est en tête des ventes avec un essai1 écrit pour « ce nouvel écolier, cette jeune étudiante » d’aujourd’hui, qui – c’est « une des plus fortes ruptures de l’histoire depuis le néolithique »- habitent la ville tout en s’efforçant de ne pas polluer, vivent dans un « monde plein » de presque 7 milliards d’individus, et qui peuvent en moyenne espérer atteindre l’âge de 80 ans. A peu près l’âge de l’auteur justement.

« Encore heureux ! » Dr Stefano COLOMBO
Frédéric ne possède ni voiture, ni moto. Encore heureux d’avoir un vélo, se console t-il en l’enfourchant pour se diriger vers la forêt toute proche. Il a une profonde envie de se remplir les poumons des parfums des arbres et du sous-bois.

Avancées et limites - Antoine BIOY
Nous commençons cette rubrique par deux jolies publications françaises. Citons d’abord celle de Patrick Catoire et al. qui étudient le transfert d’embryons avec une préparation incluant l’hypnose par rapport à une préparation standard (médicament et relaxation). Ils montrent l’absence de différence tant sur le niveau d’anxiété, que sur le ratio de naissance.

Le Certificat d'Hypnose Clinique - Dr Patrick BELLET
UN ENJEU PROFESSIONNEL POUR LA CFHTB !
Nous sommes à un moment clé de notre développement. Le 8ème Forum à Strasbourg a marqué une évolution européenne de notre travail, 2015 à Paris verra son exposition internationale.
En 1996, la CFHTB s’est créée à partir d’une prise en considération de notre identité et de sa spécificité. Simple, simplissime même !
Les différents « acteurs » francophones étaient dispersés, sans contacts les uns avec les autres, aucune structure ne les réunissait et pourtant les potentialités existaient. Isolées.



Rédigé le Samedi 28 Septembre 2013 modifié le Lundi 30 Septembre 2013
Lu 2470 fois

Vice-Président de France EMDR-IMO ® Président du Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives… En savoir plus sur cet auteur



Dans la même rubrique :