Le soufisme, courant mystique des derviches tourneurs.
Lorsqu’on évoque le soufisme, on fait souvent référence en premier lieu aux derviches tourneurs bien connus qui, par leur danse spectaculaire empreinte d’un symbolisme élaboré, ont permis que ce courant de l’islam ait quelque visibilité, en particulier dans le monde occidental (1). Ce courant mystique, organisé en confréries possédant chacune leurs particularités, est présent sous différentes formes dans l’espace musulman. Il tend, c’est là sa particularité, à une connaissance concrète, pratique, existentielle d’une présence divine. Le soufisme s’appuie pour cela sur un certain nombre de pratiques visant à se rapprocher du monde dit caché avec pour but ultime l’union puis l’anéantissement dans la « Vérité » (haqq). Dépassant un versant abstrait et théorique, la connaissance acquise par ses adeptes est donc une connaissance « présentielle », faite d’une expérience que l’on peut qualifier de sensorielle et spirituelle, à moins que les deux ici ne se con - fondent. Ces pratiques, dirigées la plupart du temps par un maître spirituel reconnu et respecté (shaykh) permettent à celui qui chemine sur la voie mystique choisie de s’installer dans une disposition propice à recevoir cette expérience.
Le zikr ou répétition inlassable d’une formule
Certaines pratiques sont communes, avec quelques variantes, à de nombreuses branches du soufisme. On peut ainsi nommer le concert spirituel (samâ’), tel celui des derviches tourneurs cités plus haut de la confrérie Mawlawiyya basée à Konya, en Turquie, dont le fondateur, Rumi (appelé encore Mawlana), poète soufi persan renommé du XIIIe siècle, se mettait à danser, dit-on, de façon extatique et erratique au moindre son qu’il pouvait entendre autour de lui, dans le bazar ou dans la rue. Fait de musiques – traditionnellement au son de la flûte, ou de tambours et autres instruments –, de chants et de poésies mystiques, parfois de danses, le concert spirituel ouvre les participants à un autre état intérieur doté d’une plus grande réceptivité. On peut encore nommer la remémoration (zikr), répétition inlassable d’une formule, pratiquée seul ou en séance collective, à voix basse ou voix haute, selon un rythme particulier souvent relié au souffle ou à des mouvements de la tête, parfois en position assise à genoux ou sur les talons, en fermant les yeux, avec une certaine position des mains, parfumé de benjoin... Le zikr entraîne, selon les dires et écrits des maîtres, des effets proprement physiques C’est encore la retraite (khalwat), de durée variable, habituellement de quarante jours, le mystique étant totalement isolé, la plupart du temps dans une cellule avec comme seul lien avec l’extérieur le maître auquel il est rattaché et auquel il se confie tel un « malade » à un « médecin de l’âme » ou un « enfant » à une « nourrice ». Ces pratiques sont encore dictées par un certain nombre de principes à respecter : le jeûne, la limitation du sommeil, la purification du corps, l’abandon de la volonté, le rejet des pensées conscientes, la remise con - fiante et totale à son maître, la concentration sur la figure (réelle ou intériorisée) du maître spirituel, le silence, la répétition des prières, etc.
L’état « subtil » du mystique entre veille et sommeil
Pour lire la suite de l’article et commander la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°60
Lorsqu’on évoque le soufisme, on fait souvent référence en premier lieu aux derviches tourneurs bien connus qui, par leur danse spectaculaire empreinte d’un symbolisme élaboré, ont permis que ce courant de l’islam ait quelque visibilité, en particulier dans le monde occidental (1). Ce courant mystique, organisé en confréries possédant chacune leurs particularités, est présent sous différentes formes dans l’espace musulman. Il tend, c’est là sa particularité, à une connaissance concrète, pratique, existentielle d’une présence divine. Le soufisme s’appuie pour cela sur un certain nombre de pratiques visant à se rapprocher du monde dit caché avec pour but ultime l’union puis l’anéantissement dans la « Vérité » (haqq). Dépassant un versant abstrait et théorique, la connaissance acquise par ses adeptes est donc une connaissance « présentielle », faite d’une expérience que l’on peut qualifier de sensorielle et spirituelle, à moins que les deux ici ne se con - fondent. Ces pratiques, dirigées la plupart du temps par un maître spirituel reconnu et respecté (shaykh) permettent à celui qui chemine sur la voie mystique choisie de s’installer dans une disposition propice à recevoir cette expérience.
Le zikr ou répétition inlassable d’une formule
Certaines pratiques sont communes, avec quelques variantes, à de nombreuses branches du soufisme. On peut ainsi nommer le concert spirituel (samâ’), tel celui des derviches tourneurs cités plus haut de la confrérie Mawlawiyya basée à Konya, en Turquie, dont le fondateur, Rumi (appelé encore Mawlana), poète soufi persan renommé du XIIIe siècle, se mettait à danser, dit-on, de façon extatique et erratique au moindre son qu’il pouvait entendre autour de lui, dans le bazar ou dans la rue. Fait de musiques – traditionnellement au son de la flûte, ou de tambours et autres instruments –, de chants et de poésies mystiques, parfois de danses, le concert spirituel ouvre les participants à un autre état intérieur doté d’une plus grande réceptivité. On peut encore nommer la remémoration (zikr), répétition inlassable d’une formule, pratiquée seul ou en séance collective, à voix basse ou voix haute, selon un rythme particulier souvent relié au souffle ou à des mouvements de la tête, parfois en position assise à genoux ou sur les talons, en fermant les yeux, avec une certaine position des mains, parfumé de benjoin... Le zikr entraîne, selon les dires et écrits des maîtres, des effets proprement physiques C’est encore la retraite (khalwat), de durée variable, habituellement de quarante jours, le mystique étant totalement isolé, la plupart du temps dans une cellule avec comme seul lien avec l’extérieur le maître auquel il est rattaché et auquel il se confie tel un « malade » à un « médecin de l’âme » ou un « enfant » à une « nourrice ». Ces pratiques sont encore dictées par un certain nombre de principes à respecter : le jeûne, la limitation du sommeil, la purification du corps, l’abandon de la volonté, le rejet des pensées conscientes, la remise con - fiante et totale à son maître, la concentration sur la figure (réelle ou intériorisée) du maître spirituel, le silence, la répétition des prières, etc.
L’état « subtil » du mystique entre veille et sommeil
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Dr Sylvie LE PELLETIER-BEAUFOND
Médecin-psychothérapeute depuis 1991 en libéral. Elle est également thérapeute systémique de famille et de couple. Elle intervient dans le champ professionnel, universitaire. Formatrice, elle reçoit des professionnels en supervision. Formée par Jean Godin à l’Institut Milton Erickson de Paris et par Mony Elkaïm, sa pratique clinique s’inspire de la pensée de François Roustang. Sylvie Le Pelletier-Beaufond est membre du Cercle d’Hypnose contemporaine, de l’Institut Milton Erickson Ile-de- France, et membre de la Société française de Thérapie familiale.
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Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°60
Février Mars Avril 2021
Dossier : Les techniques de Rossi
Edito : Ernest L. Rossi, celui qui savait poser les questions à Milton Erickson. Julien Betbèze, rédacteur en chef
Papa, maman, le psy et moi. Comprendre le travail transgénérationnel. Bogdan Pavlovici nous invite avec humour à une séance de thérapie familiale
Peur du vide. Quatre situations cliniques. Nathalie Koralnik utilise l’approche de Palo Alto et nous donne des stratégies précises pour affronter la peur du vide.
La poésie, une alliée hypnotique. Pour se séparer de ce qui nous fait souffrir. Nicolas d’Inca
Espace Douleur Douceur
Edito : Douleur ou souffrance ? Gérard Ostermann
L’attente, une infusion dans le temps : Isabelle Devouge et Marc Galy
- Soulager la douleur en réparant le passé. Philippe Rayet fait le récit d’une histoire clinique mettant en scène la puissance de l’imagination active
- Quand tout bascule. Luc Evers, passé brutalement du statut de thérapeute à celui de patient témoigne de son expérience et de son utilisation de l’autohypnose avant, pendant et après son opération
Dossier : hommage à Ernest Rossi
Un chercheur en action. Dominique Megglé
Un génie avec beaucoup de lumières. Claude Virot
L’art de l’induction de transe et de l’accompagnement dans le processus hypnotique par le questionnement. Wilfrid Martineau
Rubriques
Quiproquo, malentendu et incommunicabilité. « Illumination ». Stefano Colombo
- Les champs du possible. Je ne parle plus l’hypnose. Les troubles du comportement alimentaire et les mots. Adrian Chaboche
- Culture monde. Expérience visionnaire d’un soufi. Sylvie Le Pelletier
Les grands entretiens. Mark P. Jensen, soulager les patients de leurs douleurs chroniques. Par Gérard Fitoussi
Livres en bouche
Février Mars Avril 2021
Dossier : Les techniques de Rossi
Edito : Ernest L. Rossi, celui qui savait poser les questions à Milton Erickson. Julien Betbèze, rédacteur en chef
Papa, maman, le psy et moi. Comprendre le travail transgénérationnel. Bogdan Pavlovici nous invite avec humour à une séance de thérapie familiale
Peur du vide. Quatre situations cliniques. Nathalie Koralnik utilise l’approche de Palo Alto et nous donne des stratégies précises pour affronter la peur du vide.
La poésie, une alliée hypnotique. Pour se séparer de ce qui nous fait souffrir. Nicolas d’Inca
Espace Douleur Douceur
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Un chercheur en action. Dominique Megglé
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L’art de l’induction de transe et de l’accompagnement dans le processus hypnotique par le questionnement. Wilfrid Martineau
Rubriques
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Les grands entretiens. Mark P. Jensen, soulager les patients de leurs douleurs chroniques. Par Gérard Fitoussi
Livres en bouche