Phobie, Névrose Phobique, Symptômes phobiques



Peur des rats, peur des araignées, peur des chiens, peur du noir, peur d’un seul coup….


Avertissements : Cet article vise à donner quelques éclairages pour comprendre le mécanisme des phobies. En aucun cas, la compréhension d’un symptôme, son intellectualisation, ne permet de l’enrayer. Un traitement psychothérapeutique est nécessaire. Pourquoi ? Depuis Aristote nous ne séparons plus, comme entités indépendantes, d’un côté l’âme et de l’autre le corps. Nous sommes des « corps pensant. » La pensée est une « corps- propriation. » Lorsqu’un évènement, ou un stade de notre développement infantile se déplace sur un objet externe : une araignée, l’obscurité, la foule…comment faire autrement que de revivre, par la parole, ce moment ou cette époque, afin de la réincarner et lui permettre de trouver un autre dénouement ?.

Chaque être humain est un livre ouvert sur sa propre histoire…


Prenons l’histoire du petit Hans. Cas célèbre de la psychanalyse, qui nous servira d’exemple et de support à la compréhension des phobies.

Nous sommes à Vienne, au début du XX èm S. Hans à 5 ans lorsqu’il est présenté à Freud par son père. Depuis quelques temps, il a une peur terrible des chevaux. Il faut se représenter Vienne au XX èm S. Il y a des chevaux partout. Il commence à avoir peur d’être mordu par un cheval et comme beaucoup de phobies, ça se complique ensuite. Il a une peur phobique, plus particulièrement des chevaux attelés ensembles, il a ensuite peur qu’il y en ait un qui lui tombe dessus. Bref, ça se complexifie.

La place de la phobie dans le développement de l’enfant :

Tous les petits enfants de notre ère culturelle, sinon tous les enfants du monde font plus ou moins des phobies à un certain âge qui correspond globalement à l’âge oedipien vers 2-3 ans. Ils font des cauchemars, se réveillent avec des cauchemars, ils ont des peurs : peur du noir, peur des araignées…Ces multiples phobies disparaissent généralement rapidement et parfois elles se fixent et c’est là la question.

Elles réapparaissent généralement vers l’adolescence. Il y a toujours une phase phobique à l’adolescence : des cauchemars, des angoisses de mort... vers l’age de 9-12 ans chez pratiquement tous les enfants.

Ces phobies infantiles correspondent aux phases de séparation d’avec les parents. Ces séparations se trouvent dans des tas d’autres cultures avec des rituels de séparation, des rites d’initiation, de passage. Lévi-Strauss en avait trouvé une constante : Toutes ces dimensions imaginaires, ces rituels ont une fonction symbolique et s’ils sont différents d’une culture à l’autre, ils ramènent à quelques évènements symboliques précis qui sont toujours constants. Reliés autour d’une même loi universelle de séparation.



Revenons au petit Hans.


C’est un enfant très curieux, très choyé par sa mère. Un an avant le déclenchement de sa phobie, sa mère donne naissance à une petite sœur. Scène traumatique pour le petit Hans. Il y a eut beaucoup d’interprétation autour de ça et ce n’est pas faux. A l’époque on accouchait à la maison. Il n’est pas dans la salle de travail, il est dans la pièce à côté, c’est une ambiance un peu particulière. Mais ce qui va se développer à partir de cette scène pour Hans, provient du fait qu’une petite sœur, c’est toujours un drame pour les aînés.

Le drame des aînés, se sont des enfants qui ont été enfant unique pendant un temps et puis d’un seul coup, arrive même avant la naissance, un enfant à venir dont on leur parle. Bien évidemment, cet enfant à venir a le droit de dormir avec la mère, il vit dans son ventre, il ne la quitte même nul part, alors que lui, ça lui est interdit. Puis, aux alentours de 5 ans, donc un an plus tard, apparaît une phobie qui est celle des chevaux. Cette phobie se fixe, se développe, se complexifie.

En ne souhaitant pas au fond de lui-même, se séparer de sa mère et être à la place de cette enfant à venir, Hans brave la loi universelle de la séparation. Il le sait. Ce qu’il risque, c’est d’être puni. Une punition sévère, aussi forte que son désir qui se retournerait contre lui-même sous la forme d’un cheval menaçant et écrasant. Tout comme sa culpabilité devient écrasante.


Dénouement d’un symptôme :

C’est à travers la parole du père de Hans et de Hans lui-même auprès de Freud que ce dernier tient sa place de personne « tierce.» Il interviendra à chaque séance durant lesquels Hans revivra les scènes passées et ses sentiments.

Dans sa toute dernière intervention, Freud va pouvoir interpréter le symptôme de Hans, à la lumière du matériel clinique recueilli par la parole. Il lui présente ni plus ni moins, le mythe oedipien, par l’interprétation des sentiments qu’il traverse, c’est à dire : la peur du père. La construction fantasmatique de ce père terrible à travers le cheval et sa peur phobique d’une punition par son père-rival auprès de la mère.

La vie du Petit Hans, Herbert Graf, a pu se poursuivre sans phobie. Il y a maintenant des livres autobiographiques sur cette histoire et nous savons qu’il s’agit d’un enfant qui est devenu l’un des plus grands metteurs en scène d’opéra.





Rédigé le Mercredi 20 Mai 2009 modifié le Mardi 11 Juin 2013
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