Crédit photo: © Patrick Hepner
Il a tout juste 18 ans au moment de notre première rencontre, et s’appelle Manake’i, littéralement « la couronne de pouvoir » en marquisien. Ce jeune garçon développe déjà les qualités d’un grand champion, un mental d’acier, une condition physique en progression constante et surtout une profonde humilité qui représente, à mon sens, un atout majeur pour un athlète de haut niveau. Issu de l’union d’une mère française et d’un père marquisien de l’île de Fatu Hiva, il a grandi dans cette culture mixte, s’enrichissant des deux caractères très complémentaires de ses parents. Dès son plus jeune âge, il a commencé à surfer les vagues de la commune de Teahupo’o (« le mur de tête » en tahitien, du fait selon la légende des moeurs belliqueuses de la tribu qui habitait là et empilait les têtes des vaincus après les combats...). Il a commencé comme la plupart des enfants de son âge sur la plage, puis suivant son papa surfeur, sur le récif et la mythique vague de Teahupo’o, connue dans le monde entier à la fois pour sa dangerosité mais aussi pour son esthétisme photographique incroyable. Cette vague accueille chaque année les champions internationaux, et bientôt les Jeux olympiques de 2024 à Tahiti. J’ai rencontré Manake’i la première fois en août 2021, après avoir reçu sa maman qui m’avait fait part de son inquiétude pour son fils ; et pour cause, il pratique déjà sur d’immenses masses d’eau atteignant parfois la hauteur d’une maison à étage.
A notre premier entretien, il me confie avoir besoin de travailler sur la confiance en soi. « J’ai toujours eu de bons résultats, mais je termine 2e… » ; « j’ai parfois peur du regard des spectateurs et de ne pas réussir à exprimer mon potentiel ». Il se dit être « plus manuel qu’intellectuel », aime bien sûr surfer mais aussi la chasse sous-marine et la mécanique. L’ensemble de son discours est véritablement tinté de notions kinesthésiques. Il est extrêmement bien entouré par sa famille, qui représente des personnes ressources, son papa et entraîneur, lui-même très bon surfeur, marquisien de naissance avec cette combativité sans faille, et sa maman beaucoup plus calme et douce qui l’a amené vers le yoga et la méditation. Sa petite amie fait aussi partie de l’aventure et le soutient dans sa démarche.
Au cours de l’entretien, j’apprécie souvent parler aux sportifs de « l’effet Bannister » ou « impuissance apprise », du nom du coureur Roger Bannister (1) qui passa sous la limite des 4 minutes pour 1 mile en 1954. Cette barrière était décrite à maintes reprises comme infranchissable, témoin des limites du corps humain. Il entraîna avec lui de nombreux autres coureurs par la suite. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », nous disait Mark Twain. Nous débutons donc l’hypnose formelle, de manière relativement classique, en lui proposant une induction par le bon souvenir après avoir installé un « signaling ».
Développant la partie kinesthésique, sensorielle de manière plus approfondie à la lumière de la tonalité de son discours, rapidement je lui propose un voyage corporel, sorte de « body scan » hypnotique. En effet, la définition de l’hypnose comme corps en relation prend d’autant plus de sens avec les sportifs de haut niveau qui oeuvrent au quotidien avec lui.
« Autorise-toi, à ton rythme et à ta manière, à t’installer réellement dans chaque partie de corps, voilà, très bien... il est possible de percevoir, de ressentir chaque articulation et chaque muscle de façon plus précise et plus agréable. » Je lui propose alors, me rappelant François Roustang qui évoquait l’ouvrage d’Eugen Herrigel, Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc (2), de ne faire qu’un avec les vagues, et sa planche... « Il est possible maintenant pour le corps de Manake’i de ne faire qu’un avec la planche, avec chaque vague, avec chaqueminuscule goutte d’eau de l’océan... et de libérer tout ce potentiel, l’intérieur de toi-même... bien... permettant à cette mémoire incroyable, la mémoire du corps, de chaque cellule du corps comme chaque goutte d’eau de l’océan, et de glisser... Ce moment d’unité où plus rien n’existe quand on glisse sur une vague, à chaque manoeuvre, les positions des pieds, des articulations, du corps, avec une sorte d’harmonie, percevant le Mana de la Nature... jusqu’à la sensation magique du tube... »
Il est intéressant de s’arrêter sur le concept de Mana, qui s’intègre extrêmement bien à la pratique de l’hypnose en Polynésie. C’est un terme flou qui recoupe un nombre important de concepts, il m’est encore difficile de le définir même après quatre ans de vie à Tahiti. Nous pourrions le décrire avec nos concepts occidentaux comme la puissance inhérente à la Nature, à l’Univers, présent dans les êtres vivants, les humains, les animaux, les arbres, mais aussi dans les pierres et notamment les sculptures, dont les fameux tiki ou ti’i, représentations des divinités polynésiennes. A mon sens, l’utilisation de ce terme participe grandement à l’accordage hypnotique. Son corps réagit beaucoup au cours de la séance, avec de multiples contractions musculaires. Nous poursuivons la séance par une projection vers les compétitions à venir, et notamment une invitation à entrevoir une victoire prochaine.
La deuxième séance va revêtir un caractère assez inhabituel, en effet étant moi-même adepte de la discipline, je me suis rendu quelques semaines plus tard comme spectateur à la dernière étape du championnat sur la plage de Papara, où notre jeune champion devait faire une performance pour remporter le titre de champion de Polynésie. Je le rencontre en train de s’échauffer, et il m’a apporté une définition de l’hypnose que j’ai trouvée exceptionnelle : « Tu sais la séance qu’on a faite l’autre jour, je ne me rappelais de rien du tout, mais quand je suis allé surfer mon corps s’en souvenait et je me suis senti carrément à l’aise... »
SÉANCE SUR LA PLAGE AU SON DES VAGUES
J’adore la spontanéité polynésienne ! Nous en avons profité pour réaliser la séance sur la plage. Après une induction par focalisation sur le bruit des vagues, je lui propose des techniques idéomotrices, méthode qui est toujours appréciable avec les adolescents et les jeunes adultes, notamment sportifs.
« Il est possible que tu puisses ressentir comme une discrète légèreté dans la main droite ou bien dans la main gauche, celle que ton corps aura choisie, faisant également appel aux ressources inconscientes, à l’intérieur de toi... Dès que l’une des mains se sera sentie plus légère, elle nous fera signe. (La main droite se mobilise discrètement.) Très bien... Voilà... ressentir cette légèreté, cette liberté légère, comme si de petits ballons de couleurs et de formes différentes étaient accrochés à l’extrémité du bout de chacun des doigts. Et cette main qui en profite pour percevoir la fluidité, comme celle que l’on peut ressentir sur les vagues... et pendant que la main de Manake’i profite de cette liberté, l’autre va elle pouvoir devenir forte et puissante, raide et rigide jusqu’à la racine du bras, comme une barre de fer, comme une branche d’arbre... Solide... (Le bras gauche se raidit.) Très bien, magnifique... Prendre conscience des capacités incroyables du corps humain, et que cette légèreté et cette force puissent alors diffuser dans l’ensemble du corps... et s’exprimer le moment voulu et te sentir carrément cool... » Nous terminons progressivement la séance lévitation/catalepsie par une visualisation de la victoire avec la coupe entre les mains... La séance semblera alors porter ses fruits quelques heures plus tard, car…
Lire la suite de la revue...
A notre premier entretien, il me confie avoir besoin de travailler sur la confiance en soi. « J’ai toujours eu de bons résultats, mais je termine 2e… » ; « j’ai parfois peur du regard des spectateurs et de ne pas réussir à exprimer mon potentiel ». Il se dit être « plus manuel qu’intellectuel », aime bien sûr surfer mais aussi la chasse sous-marine et la mécanique. L’ensemble de son discours est véritablement tinté de notions kinesthésiques. Il est extrêmement bien entouré par sa famille, qui représente des personnes ressources, son papa et entraîneur, lui-même très bon surfeur, marquisien de naissance avec cette combativité sans faille, et sa maman beaucoup plus calme et douce qui l’a amené vers le yoga et la méditation. Sa petite amie fait aussi partie de l’aventure et le soutient dans sa démarche.
Au cours de l’entretien, j’apprécie souvent parler aux sportifs de « l’effet Bannister » ou « impuissance apprise », du nom du coureur Roger Bannister (1) qui passa sous la limite des 4 minutes pour 1 mile en 1954. Cette barrière était décrite à maintes reprises comme infranchissable, témoin des limites du corps humain. Il entraîna avec lui de nombreux autres coureurs par la suite. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », nous disait Mark Twain. Nous débutons donc l’hypnose formelle, de manière relativement classique, en lui proposant une induction par le bon souvenir après avoir installé un « signaling ».
Développant la partie kinesthésique, sensorielle de manière plus approfondie à la lumière de la tonalité de son discours, rapidement je lui propose un voyage corporel, sorte de « body scan » hypnotique. En effet, la définition de l’hypnose comme corps en relation prend d’autant plus de sens avec les sportifs de haut niveau qui oeuvrent au quotidien avec lui.
« Autorise-toi, à ton rythme et à ta manière, à t’installer réellement dans chaque partie de corps, voilà, très bien... il est possible de percevoir, de ressentir chaque articulation et chaque muscle de façon plus précise et plus agréable. » Je lui propose alors, me rappelant François Roustang qui évoquait l’ouvrage d’Eugen Herrigel, Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc (2), de ne faire qu’un avec les vagues, et sa planche... « Il est possible maintenant pour le corps de Manake’i de ne faire qu’un avec la planche, avec chaque vague, avec chaqueminuscule goutte d’eau de l’océan... et de libérer tout ce potentiel, l’intérieur de toi-même... bien... permettant à cette mémoire incroyable, la mémoire du corps, de chaque cellule du corps comme chaque goutte d’eau de l’océan, et de glisser... Ce moment d’unité où plus rien n’existe quand on glisse sur une vague, à chaque manoeuvre, les positions des pieds, des articulations, du corps, avec une sorte d’harmonie, percevant le Mana de la Nature... jusqu’à la sensation magique du tube... »
Il est intéressant de s’arrêter sur le concept de Mana, qui s’intègre extrêmement bien à la pratique de l’hypnose en Polynésie. C’est un terme flou qui recoupe un nombre important de concepts, il m’est encore difficile de le définir même après quatre ans de vie à Tahiti. Nous pourrions le décrire avec nos concepts occidentaux comme la puissance inhérente à la Nature, à l’Univers, présent dans les êtres vivants, les humains, les animaux, les arbres, mais aussi dans les pierres et notamment les sculptures, dont les fameux tiki ou ti’i, représentations des divinités polynésiennes. A mon sens, l’utilisation de ce terme participe grandement à l’accordage hypnotique. Son corps réagit beaucoup au cours de la séance, avec de multiples contractions musculaires. Nous poursuivons la séance par une projection vers les compétitions à venir, et notamment une invitation à entrevoir une victoire prochaine.
La deuxième séance va revêtir un caractère assez inhabituel, en effet étant moi-même adepte de la discipline, je me suis rendu quelques semaines plus tard comme spectateur à la dernière étape du championnat sur la plage de Papara, où notre jeune champion devait faire une performance pour remporter le titre de champion de Polynésie. Je le rencontre en train de s’échauffer, et il m’a apporté une définition de l’hypnose que j’ai trouvée exceptionnelle : « Tu sais la séance qu’on a faite l’autre jour, je ne me rappelais de rien du tout, mais quand je suis allé surfer mon corps s’en souvenait et je me suis senti carrément à l’aise... »
SÉANCE SUR LA PLAGE AU SON DES VAGUES
J’adore la spontanéité polynésienne ! Nous en avons profité pour réaliser la séance sur la plage. Après une induction par focalisation sur le bruit des vagues, je lui propose des techniques idéomotrices, méthode qui est toujours appréciable avec les adolescents et les jeunes adultes, notamment sportifs.
« Il est possible que tu puisses ressentir comme une discrète légèreté dans la main droite ou bien dans la main gauche, celle que ton corps aura choisie, faisant également appel aux ressources inconscientes, à l’intérieur de toi... Dès que l’une des mains se sera sentie plus légère, elle nous fera signe. (La main droite se mobilise discrètement.) Très bien... Voilà... ressentir cette légèreté, cette liberté légère, comme si de petits ballons de couleurs et de formes différentes étaient accrochés à l’extrémité du bout de chacun des doigts. Et cette main qui en profite pour percevoir la fluidité, comme celle que l’on peut ressentir sur les vagues... et pendant que la main de Manake’i profite de cette liberté, l’autre va elle pouvoir devenir forte et puissante, raide et rigide jusqu’à la racine du bras, comme une barre de fer, comme une branche d’arbre... Solide... (Le bras gauche se raidit.) Très bien, magnifique... Prendre conscience des capacités incroyables du corps humain, et que cette légèreté et cette force puissent alors diffuser dans l’ensemble du corps... et s’exprimer le moment voulu et te sentir carrément cool... » Nous terminons progressivement la séance lévitation/catalepsie par une visualisation de la victoire avec la coupe entre les mains... La séance semblera alors porter ses fruits quelques heures plus tard, car…
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Dr Cédric GUEGUEN
Médecin généraliste, spécialisé en nutrition, en phytothérapie et aromathérapie. Formé à la pratique de l’hypnothérapie depuis 2013 avec l’Institut H. Milton du Rhône (IMHER), aux thérapies brèves et solutionnistes, puis aux techniques de Rossi avec l’Institut international de médecine intégrative (IIMI). Plus récemment, il a suivi les enseignements de l’Association française pour l’étude de l’hypnose médicale (AFEHM) avec Jean-Marc Benhaiem. Il réside à Tahiti, en Polynésie française, où il a la chance de pouvoir accompagner des sportifs de haut niveau, notamment dans le milieu du triathlon et du surf.
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N°70 : Août / Septembre / Octobre 2023
Voici le sommaire, présenté par Julien Betbèze, rédacteur en chef :
. Anne Malraux décrit, à travers plusieurs séances de thérapie avec Syriane, comment celle-ci va retrouver des ressources, malgré la force du processus dissociatif. Dans cette histoire le personnage invisible du ''dévalorisateur-squatteur'', pilier de la dissociation, devient visible grâce au questionnement externalisant. Il perd son pouvoir et les ressources relationnelles peuvent émerger pour que Syriane retrouve sa fierté et reprenne des initiatives porteuses de sens.
. Cédric Gueguen nous entraîne à « surfer » sur les vagues de la confiance avec les sportifs de haut niveau. Il nous emmène en Polynésie pour saisir la puissance de la mémoire du corps amplifiée par l’entraînement hypnotique.
. Sophie Tournouër illustre, à travers la situation clinique de Daniel, l’apport de Guy Ausloos à la compréhension de ''l’acting out'' : le passage à l’acte n’est pas la cause du dysfonctionnement familial, mais une de ses conséquences. Elle nous aide à comprendre le lien entre les différentes compréhensions systémiques des passages à l’acte ; elle met en évidence l’importance de la dynamique de bienveillance et d’une approche collaborative pour retrouver les compétences relationnelles entre la maman et son fils. Et c’est par un questionnement orienté solution que l’apaisement pourra advenir.
Dossier : Indispensable hypnose
. Dominique Megglé nous apprend à repérer et à utiliser les 4 modalités de la transe : transe profonde, légère-moyenne, conversationnelle, invisible. A travers différentes situations cliniques, il souligne notamment comment la relation hypnotique permet d’échapper aux fausses exceptions lorsque celles-ci sont décrites comme de simples moments où les symptômes ont moins d’effet sur les sujets. Comme il le dit : l’hypnose est une jeune fille pleine de promesses.
. Gérald Brassine nous montre comment conduire le travail sur les protections dissociatives chez une femme de 40 ans, avec des antécédents d’abus dans l’enfance, envahie par la peur de sortir de chez elle. Il décrit avec précision une séance qui, grâce a un changement de scénario, permet à cette femme de se libérer d’un syndrome de Stockholm et de retrouver la capacité de faire des choix.
. Stéphane Radoykov et Claude Virot nous rappellent l’importance d’intégrer l’hypnose dans les soins psychiatriques pour que les différents dispositifs thérapeutiques puissent« semer les graines du changement ». Il nous paraît indispensable que, pour le public et les soignants, l’hypnose ne soit pas uniquement associée à l’analgésie, mais soit aussi reconnue socialement comme un processus d’activation du changement en thérapie.
Espace Douleur Douceur
. Gérard Ostermann.
Edito : Quand l’hypnose parle à l’oreille des cigognes
. Michel Dupuet, gynécologue-obstétricien, nous propose une fructueuse illustration clinique de cette thérapeutique incomparable qu’est l’hypnose. Lorsque l’enfant ne paraît pas, tout se bouscule en effet avec son cortège de sentiments négatifs qui s’entretiennent les uns les autres : culpabilité, sentiment d’impuissance, d’injustice, atteinte de l’image de soi et du couple.
. Michel Dupuet a été le premier surpris de ses résultats des plus prometteurs, tout en affirmant avec modestie qu’il est peut-être prématuré de penser que les cas d’infertilité décrits et solutionnés par l’hypnose sont la preuve irréfragable de l’action exclusive de cette technique dans les problèmes de fertilité. Michel Dupuet espère seulement que dans les mois qui viendront ses confrères gynécologues, les centres de PMA intégreront l’hypnose dans leur panel thérapeutique. Malheureusement la crainte vivace dans l’inconscient médical du détournement de clientèle freine encore la collaboration. Pourtant 4 000 stérilités inexpliquées par an ouvre un vaste champ d’action.
. Muriel Launois, ergothérapeute, nous invite à ''Explorer ce qui est bon pour soi''. Dans un monde survolté, où le stress nous fait croire à la performance alors qu’il empêche en fait de goûter la vie, Muriel Launois nous propose d’être attentif à nous-même pour redécouvrir la vraie signification de l’écoute et de la communication avec le réel. Elle nous invite à être dans l’ouvert, sensible à ce qui est. C’est une attitude de vie. Il n’y a rien à atteindre, à obtenir, à devenir. Il s’agit simplement de perdre ses prétentions ; tout est déjà là en amont de notre être en-deçà de nos pensées, soucis et émotions.
. Véronique Laplane, médecin pédiatre, nous indique la voie pour ''Ne plus avoir peur chez le pédiatre''. Les enfants sont d’excellents candidats à l’hypnose ! L’hypnose s’appuie sur l’imagination, or chacun sait qu’en la matière les enfants sont rois ! Pour eux, l’imaginaire est réel du moins jusqu’à un certain âge. Ils sont tour à tour dragon, princesse ou chevalier et ont intacte en eux la magie du « comme si »... L’hypnose ne doit pas être vue comme une solution magique, mais comme une méthode complémentaire aux techniques de communication, de réassurance et de préparation mentale.
Rubriques :
. Stefano Colombo et Mohand Chérif Si Ahmed : Quiproquo « Indispensable »
. Adrian Chaboche : Les champs du possible : ''Vous dansez ?''
. Nicolas d’Inca : Culture monde ''Voyage chamanique au son du tambour''
. Sophie Cohen : Bonjour et après ''Corinne et ses peurs''
Crédit photo: © Patrick Hepner
Voici le sommaire, présenté par Julien Betbèze, rédacteur en chef :
. Anne Malraux décrit, à travers plusieurs séances de thérapie avec Syriane, comment celle-ci va retrouver des ressources, malgré la force du processus dissociatif. Dans cette histoire le personnage invisible du ''dévalorisateur-squatteur'', pilier de la dissociation, devient visible grâce au questionnement externalisant. Il perd son pouvoir et les ressources relationnelles peuvent émerger pour que Syriane retrouve sa fierté et reprenne des initiatives porteuses de sens.
. Cédric Gueguen nous entraîne à « surfer » sur les vagues de la confiance avec les sportifs de haut niveau. Il nous emmène en Polynésie pour saisir la puissance de la mémoire du corps amplifiée par l’entraînement hypnotique.
. Sophie Tournouër illustre, à travers la situation clinique de Daniel, l’apport de Guy Ausloos à la compréhension de ''l’acting out'' : le passage à l’acte n’est pas la cause du dysfonctionnement familial, mais une de ses conséquences. Elle nous aide à comprendre le lien entre les différentes compréhensions systémiques des passages à l’acte ; elle met en évidence l’importance de la dynamique de bienveillance et d’une approche collaborative pour retrouver les compétences relationnelles entre la maman et son fils. Et c’est par un questionnement orienté solution que l’apaisement pourra advenir.
Dossier : Indispensable hypnose
. Dominique Megglé nous apprend à repérer et à utiliser les 4 modalités de la transe : transe profonde, légère-moyenne, conversationnelle, invisible. A travers différentes situations cliniques, il souligne notamment comment la relation hypnotique permet d’échapper aux fausses exceptions lorsque celles-ci sont décrites comme de simples moments où les symptômes ont moins d’effet sur les sujets. Comme il le dit : l’hypnose est une jeune fille pleine de promesses.
. Gérald Brassine nous montre comment conduire le travail sur les protections dissociatives chez une femme de 40 ans, avec des antécédents d’abus dans l’enfance, envahie par la peur de sortir de chez elle. Il décrit avec précision une séance qui, grâce a un changement de scénario, permet à cette femme de se libérer d’un syndrome de Stockholm et de retrouver la capacité de faire des choix.
. Stéphane Radoykov et Claude Virot nous rappellent l’importance d’intégrer l’hypnose dans les soins psychiatriques pour que les différents dispositifs thérapeutiques puissent« semer les graines du changement ». Il nous paraît indispensable que, pour le public et les soignants, l’hypnose ne soit pas uniquement associée à l’analgésie, mais soit aussi reconnue socialement comme un processus d’activation du changement en thérapie.
Espace Douleur Douceur
. Gérard Ostermann.
Edito : Quand l’hypnose parle à l’oreille des cigognes
. Michel Dupuet, gynécologue-obstétricien, nous propose une fructueuse illustration clinique de cette thérapeutique incomparable qu’est l’hypnose. Lorsque l’enfant ne paraît pas, tout se bouscule en effet avec son cortège de sentiments négatifs qui s’entretiennent les uns les autres : culpabilité, sentiment d’impuissance, d’injustice, atteinte de l’image de soi et du couple.
. Michel Dupuet a été le premier surpris de ses résultats des plus prometteurs, tout en affirmant avec modestie qu’il est peut-être prématuré de penser que les cas d’infertilité décrits et solutionnés par l’hypnose sont la preuve irréfragable de l’action exclusive de cette technique dans les problèmes de fertilité. Michel Dupuet espère seulement que dans les mois qui viendront ses confrères gynécologues, les centres de PMA intégreront l’hypnose dans leur panel thérapeutique. Malheureusement la crainte vivace dans l’inconscient médical du détournement de clientèle freine encore la collaboration. Pourtant 4 000 stérilités inexpliquées par an ouvre un vaste champ d’action.
. Muriel Launois, ergothérapeute, nous invite à ''Explorer ce qui est bon pour soi''. Dans un monde survolté, où le stress nous fait croire à la performance alors qu’il empêche en fait de goûter la vie, Muriel Launois nous propose d’être attentif à nous-même pour redécouvrir la vraie signification de l’écoute et de la communication avec le réel. Elle nous invite à être dans l’ouvert, sensible à ce qui est. C’est une attitude de vie. Il n’y a rien à atteindre, à obtenir, à devenir. Il s’agit simplement de perdre ses prétentions ; tout est déjà là en amont de notre être en-deçà de nos pensées, soucis et émotions.
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