Notre identité en mouvement
Notre siècle génère de nouvelles souffrances liées aux progrès mêmes qu’il a mis en œuvre. L’accélération de notre époque impose un rapport au temps très paradoxal, nous n’avons jamais eu autant de temps à notre disposition (davantage de temps de loisirs, plus grande espérance de vie) et pourtant nous en manquons sans cesse au regard de toutes les tâches à faire en un temps donné.
Le rapport à l’espace s’est aussi modifié. Au moment de la mondialisation, la perception de notre espace s’est rétrécie, en même temps que les déplacements sont devenus plus accessibles.
Dans notre société où l’hyperconnexion trouble la communication interpersonnelle et le rapport des individus à leur monde intérieur, dans un contexte où l’hyper performance pousse les sujets à dépasser sans cesse leurs limites, nos contemporains ne savent plus répondre à leurs besoins fondamentaux, existentiels, éthiques, spirituels.
L’accumulation en temps direct des tragédies humaines, de catastrophes naturelles, la déferlante d’événements traumatisants dont les images tournent en boucle, suscitant terreur et sidération, entravent la pensée, rendent difficile la mise à distance, renforcent les réactions purement émotionnelles qui ne font que soumettre encore davantage le sujet à son contexte.
Tout cela génère un sentiment d’incompréhension face à un monde qui apparaît comme de plus en plus absurde, cruel, violent.
Un sentiment d’absurdité. Le sentiment de vivre dans un monde que l’on ne comprend pas s’amplifie. Une forme de désarroi et de désenchantement se fait de plus en plus sentir. Récemment un patient me disait. « Je n’arrive plus à croire en la vie, je ne sais plus quel sens transmettre à mes enfants. Que leur dire, qu’on a créé un monde qui ne sait pas les protéger ? Quel sera leur avenir ? » Et de poursuivre, fortement ému : « Le pire, c’est que j’ai à présent davantage peur de la vie que de la mort. C’est terrible, mais la vie me semble bien lourde à porter. »
Si l’angoisse de vie devient plus forte ou aussi forte que l’angoisse de mort, comment réenchanter le monde aux yeux des jeunes générations ? Peut-on réduire la vie à son négatif, même si c’est celui-ci que les médias exposent en priorité. La responsabilité des adultes ne consiste-t-elle pas à résister à cette vision inquiète ?
Des identités fragmentées. De là découlent des relations tendues entre les individus qui affaiblissent les liens sociaux. Mais aussi des identités fragiles parce que fragmentées. Depuis longtemps déjà, philosophes et psychologues évoquent l’hétérogénéité de l’être, le « je » est multiple, il abrite plusieurs identités, nous sommes tous enfant de, citoyen de, peut-être parent de, frère/sœur de, collègue, fait d’un corps et d’une psyché… Cette hétérogénéité implique un mouvement constant vers une unité à construire et reconstruire sans cesse, notamment à travers des expériences où le sujet parvient à se reconnaître lui-même au-delà des changements qui l’affectent et le transforment. Paul Ricoeur parle ici d’« ipséité », de « mêmeté » et d’identité narrative. Cette tension entre hétérogénéité et homogénéité tout en créant de l’instabilité est facteur d’équilibre, elle est féconde et ouvre sur de nombreux possibles. Elle inscrit l’être dans une mobilité, une forme de souplesse épousant les contours de ses expériences, et construisant une intériorité qui parvient à se nourrir de l’extérieur, à s’ouvrir au monde, à l’autre.
Or, nous constatons aujourd’hui une difficulté de plus en plus grande à tenir cette ligne de tension, du coup la construction de l’unité reste aléatoire, fragilisant des identités qui ont du mal à éprouver une cohérence intérieure, une homogénéité suffisante pour soutenir l’ouverture à l’autre et au monde, d’où un repli sur soi qui ne fait que fragiliser encore davantage.
Il me semble que l’on est passé de l’hétérogénéité à une fragmentation de l’identité. Les personnes que je vois arriver dans mon cabinet se présentent avec des identités fragmentées, elles vivent, éprouvent des choses qui touchent les différentes parties de leur identité mais ont du mal à rassembler ces expériences diverses, discontinues. Les morceaux de leur puzzle identitaire sont juxtaposés, peu joints ensemble, les articulations entre les différentes parties du puzzle grincent, quelquefois tout est tellement cloisonné que rien ne peut passer de l’un à l’autre. Comme si le sujet devenait hermétique à son propre espace intérieur, à ses propres ressources, rendant par conséquent les changements difficiles. L’être ne respire plus, un peu asphyxié par ce manque de souplesse. De là découlent des identités étrangères à elles-mêmes, comme absentes de leur propre vie, marchant à côté d’elles-mêmes.
La nécessité de se réinventer s’impose à tous. Ce besoin n’épargne ni les patients ni les professionnels. Nous mesurons, chaque jour, combien nos outils d’analyse, nos grilles de lectures, nos leviers thérapeutiques habituels sont insuffisants, peut-être trop inscrits dans le monde d’hier, quelquefois trop repliés sur eux-mêmes.
Il ne fait aucun doute que la pratique de l’hypnose est très utile. En ce qui me concerne, elle m’a permis de me renouveler, tout en accédant à une profonde cohérence dans ma position thérapeutique comme dans ma vie en général. Elle m’a permis de naviguer entre les eaux des divers courants qui ont été importants pour moi, philosophie, psychanalyse, systémie, sociologie. Elle m’a ouvert des espaces de liberté très appréciables, tout en étant fidèle à mes chers maîtres à penser, Levinas, Ricoeur, Merleau-Ponty en ce qui concerne la philo, Winnicott, Roustang, en ce qui concerne la clinique, et bien d’autres encore. Elle m’a aidée à décloisonner, à ouvrir des espaces féconds pour mes patients comme pour moi-même.
Comment l’hypnose permet-elle à l’individu postmoderne de trouver sa place ? Quelles perspectives ouvre-t-elle ?
« Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Au cours d’une de mes rêveries, cette phrase d’Albert Camus m’est revenue. C’est la dernière phrase du Mythe de Sisyphe, et je me suis laissée guider.
La définition que Camus donne de l’absurdité est tellement actuelle : « L’absurde naît de la confrontation de l’appel humain avec le silence déraisonnable du monde. » Nous pourrions dire aujourd’hui le tumulte tragique du monde, ce qui revient au même. Un peu plus loin, il poursuit : « Ce divorce entre l’homme et sa vie, l’acteur et son décor, c’est proprement le sentiment de l’absurdité. » Encore plus loin : « L’absurde, c’est ce divorce entre l’esprit qui désire et le monde qui déçoit, (c’est) ma nostalgie d’unité, cet univers dispersé et la contradiction qui les enchaîne… » Ce mot de divorce évoque non seulement une forme de déchirement tragique, que les philosophes ont beaucoup évoqué (dis-jointure du sujet), mais cela sonne aussi à mes oreilles d’hypnothérapeute comme une forme de dissociation intéressante à travailler.
En même temps, Le Mythe de Sisyphe, pour être réaliste, n’est pas pour autant pessimiste puisque le texte se termine sur ce fameux : « Il faut imaginer Sisyphe heureux ».
Quelle est la voie préconisée par Camus, pour permettre à Sisyphe d’être heureux, malgré sa condamnation ? Aurons-nous toujours des montagnes à franchir, des poids à transporter ? Peut-être ! La question alors serait de savoir comment alléger le poids du réel ?
NICOLE PRIEUR est philosophe, thérapeute d’enfants, hypnothérapeute. Elle dirige le conseil scientifique du Ceccof et est auteure de nombreux ouvrages sur la famille, dont Petits règlements de comptes en famille, elle est coauteure avec Bernard Prieur de La famille, l’argent, l’amour. Ou les enjeux psychologiques des questions matérielles, deux ouvrages parus chez Albin Michel.
Le rapport à l’espace s’est aussi modifié. Au moment de la mondialisation, la perception de notre espace s’est rétrécie, en même temps que les déplacements sont devenus plus accessibles.
Dans notre société où l’hyperconnexion trouble la communication interpersonnelle et le rapport des individus à leur monde intérieur, dans un contexte où l’hyper performance pousse les sujets à dépasser sans cesse leurs limites, nos contemporains ne savent plus répondre à leurs besoins fondamentaux, existentiels, éthiques, spirituels.
L’accumulation en temps direct des tragédies humaines, de catastrophes naturelles, la déferlante d’événements traumatisants dont les images tournent en boucle, suscitant terreur et sidération, entravent la pensée, rendent difficile la mise à distance, renforcent les réactions purement émotionnelles qui ne font que soumettre encore davantage le sujet à son contexte.
Tout cela génère un sentiment d’incompréhension face à un monde qui apparaît comme de plus en plus absurde, cruel, violent.
Un sentiment d’absurdité. Le sentiment de vivre dans un monde que l’on ne comprend pas s’amplifie. Une forme de désarroi et de désenchantement se fait de plus en plus sentir. Récemment un patient me disait. « Je n’arrive plus à croire en la vie, je ne sais plus quel sens transmettre à mes enfants. Que leur dire, qu’on a créé un monde qui ne sait pas les protéger ? Quel sera leur avenir ? » Et de poursuivre, fortement ému : « Le pire, c’est que j’ai à présent davantage peur de la vie que de la mort. C’est terrible, mais la vie me semble bien lourde à porter. »
Si l’angoisse de vie devient plus forte ou aussi forte que l’angoisse de mort, comment réenchanter le monde aux yeux des jeunes générations ? Peut-on réduire la vie à son négatif, même si c’est celui-ci que les médias exposent en priorité. La responsabilité des adultes ne consiste-t-elle pas à résister à cette vision inquiète ?
Des identités fragmentées. De là découlent des relations tendues entre les individus qui affaiblissent les liens sociaux. Mais aussi des identités fragiles parce que fragmentées. Depuis longtemps déjà, philosophes et psychologues évoquent l’hétérogénéité de l’être, le « je » est multiple, il abrite plusieurs identités, nous sommes tous enfant de, citoyen de, peut-être parent de, frère/sœur de, collègue, fait d’un corps et d’une psyché… Cette hétérogénéité implique un mouvement constant vers une unité à construire et reconstruire sans cesse, notamment à travers des expériences où le sujet parvient à se reconnaître lui-même au-delà des changements qui l’affectent et le transforment. Paul Ricoeur parle ici d’« ipséité », de « mêmeté » et d’identité narrative. Cette tension entre hétérogénéité et homogénéité tout en créant de l’instabilité est facteur d’équilibre, elle est féconde et ouvre sur de nombreux possibles. Elle inscrit l’être dans une mobilité, une forme de souplesse épousant les contours de ses expériences, et construisant une intériorité qui parvient à se nourrir de l’extérieur, à s’ouvrir au monde, à l’autre.
Or, nous constatons aujourd’hui une difficulté de plus en plus grande à tenir cette ligne de tension, du coup la construction de l’unité reste aléatoire, fragilisant des identités qui ont du mal à éprouver une cohérence intérieure, une homogénéité suffisante pour soutenir l’ouverture à l’autre et au monde, d’où un repli sur soi qui ne fait que fragiliser encore davantage.
Il me semble que l’on est passé de l’hétérogénéité à une fragmentation de l’identité. Les personnes que je vois arriver dans mon cabinet se présentent avec des identités fragmentées, elles vivent, éprouvent des choses qui touchent les différentes parties de leur identité mais ont du mal à rassembler ces expériences diverses, discontinues. Les morceaux de leur puzzle identitaire sont juxtaposés, peu joints ensemble, les articulations entre les différentes parties du puzzle grincent, quelquefois tout est tellement cloisonné que rien ne peut passer de l’un à l’autre. Comme si le sujet devenait hermétique à son propre espace intérieur, à ses propres ressources, rendant par conséquent les changements difficiles. L’être ne respire plus, un peu asphyxié par ce manque de souplesse. De là découlent des identités étrangères à elles-mêmes, comme absentes de leur propre vie, marchant à côté d’elles-mêmes.
La nécessité de se réinventer s’impose à tous. Ce besoin n’épargne ni les patients ni les professionnels. Nous mesurons, chaque jour, combien nos outils d’analyse, nos grilles de lectures, nos leviers thérapeutiques habituels sont insuffisants, peut-être trop inscrits dans le monde d’hier, quelquefois trop repliés sur eux-mêmes.
Il ne fait aucun doute que la pratique de l’hypnose est très utile. En ce qui me concerne, elle m’a permis de me renouveler, tout en accédant à une profonde cohérence dans ma position thérapeutique comme dans ma vie en général. Elle m’a permis de naviguer entre les eaux des divers courants qui ont été importants pour moi, philosophie, psychanalyse, systémie, sociologie. Elle m’a ouvert des espaces de liberté très appréciables, tout en étant fidèle à mes chers maîtres à penser, Levinas, Ricoeur, Merleau-Ponty en ce qui concerne la philo, Winnicott, Roustang, en ce qui concerne la clinique, et bien d’autres encore. Elle m’a aidée à décloisonner, à ouvrir des espaces féconds pour mes patients comme pour moi-même.
Comment l’hypnose permet-elle à l’individu postmoderne de trouver sa place ? Quelles perspectives ouvre-t-elle ?
« Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Au cours d’une de mes rêveries, cette phrase d’Albert Camus m’est revenue. C’est la dernière phrase du Mythe de Sisyphe, et je me suis laissée guider.
La définition que Camus donne de l’absurdité est tellement actuelle : « L’absurde naît de la confrontation de l’appel humain avec le silence déraisonnable du monde. » Nous pourrions dire aujourd’hui le tumulte tragique du monde, ce qui revient au même. Un peu plus loin, il poursuit : « Ce divorce entre l’homme et sa vie, l’acteur et son décor, c’est proprement le sentiment de l’absurdité. » Encore plus loin : « L’absurde, c’est ce divorce entre l’esprit qui désire et le monde qui déçoit, (c’est) ma nostalgie d’unité, cet univers dispersé et la contradiction qui les enchaîne… » Ce mot de divorce évoque non seulement une forme de déchirement tragique, que les philosophes ont beaucoup évoqué (dis-jointure du sujet), mais cela sonne aussi à mes oreilles d’hypnothérapeute comme une forme de dissociation intéressante à travailler.
En même temps, Le Mythe de Sisyphe, pour être réaliste, n’est pas pour autant pessimiste puisque le texte se termine sur ce fameux : « Il faut imaginer Sisyphe heureux ».
Quelle est la voie préconisée par Camus, pour permettre à Sisyphe d’être heureux, malgré sa condamnation ? Aurons-nous toujours des montagnes à franchir, des poids à transporter ? Peut-être ! La question alors serait de savoir comment alléger le poids du réel ?
NICOLE PRIEUR est philosophe, thérapeute d’enfants, hypnothérapeute. Elle dirige le conseil scientifique du Ceccof et est auteure de nombreux ouvrages sur la famille, dont Petits règlements de comptes en famille, elle est coauteure avec Bernard Prieur de La famille, l’argent, l’amour. Ou les enjeux psychologiques des questions matérielles, deux ouvrages parus chez Albin Michel.
Des étoiles pour nous guider. Sophie Cohen
Chères lectrices et chers lecteurs, Comme vous le savez certainement, le monde de l’hypnose vient de perdre l’une de ses grandes figures en la personne de François Roustang. Il a été l’un des grands « penseurs » de l’hypnose. Il a en particulier cherché à définir et comprendre ce qui se déroulait dans une rencontre et lors d’une séance. Nous lirons l’hommage de Jean-Marc Benhaiem, son ami et disciple.
Chères lectrices et chers lecteurs, Comme vous le savez certainement, le monde de l’hypnose vient de perdre l’une de ses grandes figures en la personne de François Roustang. Il a été l’un des grands « penseurs » de l’hypnose. Il a en particulier cherché à définir et comprendre ce qui se déroulait dans une rencontre et lors d’une séance. Nous lirons l’hommage de Jean-Marc Benhaiem, son ami et disciple.
Se réinventer grâce à l’hypnose. Nicole Prieur
Une nécessité pour notre XXIe siècle. Notre siècle génère de nouvelles souffrances liées aux progrès mêmes qu’il a mis en œuvre. L’accélération de notre époque impose un rapport au temps très paradoxal, nous n’avons jamais eu autant de temps à notre disposition (davantage de temps de loisirs, plus grande espérance de vie) et pourtant nous en manquons sans cesse au regard de toutes les tâches à faire en un temps donné.
Une nécessité pour notre XXIe siècle. Notre siècle génère de nouvelles souffrances liées aux progrès mêmes qu’il a mis en œuvre. L’accélération de notre époque impose un rapport au temps très paradoxal, nous n’avons jamais eu autant de temps à notre disposition (davantage de temps de loisirs, plus grande espérance de vie) et pourtant nous en manquons sans cesse au regard de toutes les tâches à faire en un temps donné.
Les suggestions directes. Dr Dominique Megglé
Qu’en pense le Docteur Erickson ? Dominique Megglé a fait un vrai travail de recherches dans tous les livres et articles d’Erickson. Il développe sa pensée qu’il avait déjà en partie évoquée dans le numéro 30 de notre Revue. Des échanges avec des spécialistes ont invité Dominique Megglé à réaliser davantage de recherches.
Qu’en pense le Docteur Erickson ? Dominique Megglé a fait un vrai travail de recherches dans tous les livres et articles d’Erickson. Il développe sa pensée qu’il avait déjà en partie évoquée dans le numéro 30 de notre Revue. Des échanges avec des spécialistes ont invité Dominique Megglé à réaliser davantage de recherches.
Anorexie/boulimie : véritable enjeu de santé publique. Dr Bruno Dubos
Les données de l’Inserm s’accordent sur deux constats : 0,5 % des jeunes filles dans leur dix-huitième année, et seulement 0,03 % des garçons, présentent des symptômes évocateurs d’anorexie. Le deuxième aspect est que ces troubles évoluent vers la chronicité. Ces problèmes représentent un véritable défi pour les thérapeutes et donc pour les hypnothérapeutes que nous sommes. Lorsqu’il m’a été confié la responsabilité de diriger ce numéro thématique sur l’anorexie et la boulimie, le titre m’est venu spontanément : « Un nouveau regard ».
Les données de l’Inserm s’accordent sur deux constats : 0,5 % des jeunes filles dans leur dix-huitième année, et seulement 0,03 % des garçons, présentent des symptômes évocateurs d’anorexie. Le deuxième aspect est que ces troubles évoluent vers la chronicité. Ces problèmes représentent un véritable défi pour les thérapeutes et donc pour les hypnothérapeutes que nous sommes. Lorsqu’il m’a été confié la responsabilité de diriger ce numéro thématique sur l’anorexie et la boulimie, le titre m’est venu spontanément : « Un nouveau regard ».
Anorexie : du symptôme aux processus. Dr Bruno Dubos
L’anorexie et la boulimie sont un véritable défi pour les thérapeutes. Mais plutôt que de parler d’anorexie ou de boulimie, il convient de prendre en compte qu’il s’agit de patientes, adolescentes ou moins jeunes qui viennent dans nos cabinets de consultation avec ce symptôme. La réputation de ces problèmes est particulière, renforcée il est vrai par nos expériences en thérapie avec ces patientes.
L’anorexie et la boulimie sont un véritable défi pour les thérapeutes. Mais plutôt que de parler d’anorexie ou de boulimie, il convient de prendre en compte qu’il s’agit de patientes, adolescentes ou moins jeunes qui viennent dans nos cabinets de consultation avec ce symptôme. La réputation de ces problèmes est particulière, renforcée il est vrai par nos expériences en thérapie avec ces patientes.
La réassociation dans les troubles alimentaires. Sophie Cohen
Le thème de la réassociation est souvent peu traité. On parle et on écrit en effet volontiers de la dissociation en hypnose. La dissociation est utile dans nombre de situations où, par exemple, des soins génèrent de la douleur. Ainsi l’on enseigne le savoir-accompagner le patient dans un état dissociatif. Dans un ensemble de pathologies, savoir si une personne est dissociée ou associée n’est pas pris en compte. Alors que la dissociation spontanée peut représenter une protection naturelle dans les premiers temps d’une situation, elle devient pathologique si elle s’inscrit comme une façon d’être dans la durée.
Le thème de la réassociation est souvent peu traité. On parle et on écrit en effet volontiers de la dissociation en hypnose. La dissociation est utile dans nombre de situations où, par exemple, des soins génèrent de la douleur. Ainsi l’on enseigne le savoir-accompagner le patient dans un état dissociatif. Dans un ensemble de pathologies, savoir si une personne est dissociée ou associée n’est pas pris en compte. Alors que la dissociation spontanée peut représenter une protection naturelle dans les premiers temps d’une situation, elle devient pathologique si elle s’inscrit comme une façon d’être dans la durée.
Thérapie du couple parental. Dr Patrice CHARBONNEL
L’anorexie mentale est une pathologie essentiellement féminine qui se révèle le plus souvent juste après la puberté. Ce trouble des conduites alimentaires associe des symptômes de comportements nutritionnels (privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois ou années, éviction de certains aliments, phases boulimiques) et somatiques (aménorrhée, arrêt de la croissance chez l’adolescente) à des symptômes psychologiques (perception déformée de son corps et en particulier de sa maigreur, peur de grossir, besoin de contrôle sur le corps, obsessions alimentaires, hyperactivité, surinvestissement intellectuel, régression en âge émotionnel).
L’anorexie mentale est une pathologie essentiellement féminine qui se révèle le plus souvent juste après la puberté. Ce trouble des conduites alimentaires associe des symptômes de comportements nutritionnels (privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois ou années, éviction de certains aliments, phases boulimiques) et somatiques (aménorrhée, arrêt de la croissance chez l’adolescente) à des symptômes psychologiques (perception déformée de son corps et en particulier de sa maigreur, peur de grossir, besoin de contrôle sur le corps, obsessions alimentaires, hyperactivité, surinvestissement intellectuel, régression en âge émotionnel).
« Au fait, j’y pense, j’ai oublié d’vous dire… » Dr Stefano Colombo
Frédéric venait de poser son téléphone. Après d’innombrables hésitations, il avait pris la décision de consulter un thérapeute. Cela faisait un bon moment que son épouse insistait pour qu’« il voit quelqu’un ». « Ça te fera du bien, précisait-elle, on ne peut pas continuer ainsi. » Il en avait conscience. Il partageait l’avis de sa femme tout en se questionnant sur l’efficacité d’une telle démarche.
Frédéric venait de poser son téléphone. Après d’innombrables hésitations, il avait pris la décision de consulter un thérapeute. Cela faisait un bon moment que son épouse insistait pour qu’« il voit quelqu’un ». « Ça te fera du bien, précisait-elle, on ne peut pas continuer ainsi. » Il en avait conscience. Il partageait l’avis de sa femme tout en se questionnant sur l’efficacité d’une telle démarche.
Des étoiles pour guide. Sophie Cohen
Des étoiles... des stars... en anglais... des personnes... des personnes de passage avec une présence merveilleuse... comme ça, une chaleur offerte à ce moment-là... Au bon moment... Des personnes comme de petites ou de grandes étoiles... Etoiles qui clignotent dans le ciel dont la lumière éclaire les larmes de joie qui ruissellent sur nos visages... Qui n’a pas pleuré sous un ciel étoilé ? Qui ne s’est pas ému devant la fragilité de nos vies ?
Des étoiles... des stars... en anglais... des personnes... des personnes de passage avec une présence merveilleuse... comme ça, une chaleur offerte à ce moment-là... Au bon moment... Des personnes comme de petites ou de grandes étoiles... Etoiles qui clignotent dans le ciel dont la lumière éclaire les larmes de joie qui ruissellent sur nos visages... Qui n’a pas pleuré sous un ciel étoilé ? Qui ne s’est pas ému devant la fragilité de nos vies ?
Les champs du possible. Dr Adrian Chaboche
Chers lecteurs, continuons de nous interroger sur la façon dont l’hypnose amène à réinstaller un mouvement dans la vie du patient. Et enrichissons-nous de prolonger la réflexion : n’appartient-il pas déjà au thérapeute d’être dans son mouvement et s’autoriser à ne plus savoir pour entrer dans la créativité thérapeutique ? Autant que deux danseurs, le thérapeute serait alors celui qui ouvre le premier pas à l’aide d’une suggestion, autant que d’une main il invite son partenaire à s’avancer.
Chers lecteurs, continuons de nous interroger sur la façon dont l’hypnose amène à réinstaller un mouvement dans la vie du patient. Et enrichissons-nous de prolonger la réflexion : n’appartient-il pas déjà au thérapeute d’être dans son mouvement et s’autoriser à ne plus savoir pour entrer dans la créativité thérapeutique ? Autant que deux danseurs, le thérapeute serait alors celui qui ouvre le premier pas à l’aide d’une suggestion, autant que d’une main il invite son partenaire à s’avancer.
Pédagogie Kaddouch. Dr Dina Roberts
Ce « pas de côté » vers la pédagogie musicale est né de ma rencontre avec Julien Laroche lors d’une conférence sur le thème « Jouer ensemble », organisée par des danseurs. J’ai été immédiatement tentée de l’inviter ici quand je l’ai entendu se définir comme « chercheur indiscipliné » plutôt qu’interdisciplinaire. Sa démarche même est faite de pas de côté : il part du phénomène qu’il étudie et convoque les disciplines qui permettent de l’éclairer. Ses études sur les interactions sociales l’ont amené à travailler sur l’improvisation musicale dans la méthode Kaddouch.
Ce « pas de côté » vers la pédagogie musicale est né de ma rencontre avec Julien Laroche lors d’une conférence sur le thème « Jouer ensemble », organisée par des danseurs. J’ai été immédiatement tentée de l’inviter ici quand je l’ai entendu se définir comme « chercheur indiscipliné » plutôt qu’interdisciplinaire. Sa démarche même est faite de pas de côté : il part du phénomène qu’il étudie et convoque les disciplines qui permettent de l’éclairer. Ses études sur les interactions sociales l’ont amené à travailler sur l’improvisation musicale dans la méthode Kaddouch.
Entretien avec le Docteur Jeffrey Zeig. Dr Gérard Fitoussi
Bonjour Docteur Zeig, vous avez une énorme influence dans le champ de l’hypnose ericksonienne, pouvez-vous nous donner des précisions sur votre cheminement personnel ? Jeffrey Zeig : J’ai commencé à étudier l’hypnose à l’université de San Francisco au moment de mon master de psychologie clinique. Un des psychiatres présents, qui était mon superviseur, m’a fait connaître l’hypnose et m’a indiqué qu’une des meilleures façons de la découvrir était de l’expérimenter moi-même.
Bonjour Docteur Zeig, vous avez une énorme influence dans le champ de l’hypnose ericksonienne, pouvez-vous nous donner des précisions sur votre cheminement personnel ? Jeffrey Zeig : J’ai commencé à étudier l’hypnose à l’université de San Francisco au moment de mon master de psychologie clinique. Un des psychiatres présents, qui était mon superviseur, m’a fait connaître l’hypnose et m’a indiqué qu’une des meilleures façons de la découvrir était de l’expérimenter moi-même.
Livres en bouche. Dr Grégory Lambrette
Compte-rendu. Voilà qu’à l’occasion de la rentrée littéraire de septembre 2015 est arrivé sur les étagères de nos librairies non pas un, mais deux ouvrages signés de la main de Giorgio Nardone, l’une des figures de proue les plus actives et créatives du modèle stratégique en psychothérapie. On le sait, Nardone cultive depuis plusieurs décennies maintenant un art du changement consistant à trouver des solutions simples aux problèmes insolubles comme il le qualifie lui-même.
Compte-rendu. Voilà qu’à l’occasion de la rentrée littéraire de septembre 2015 est arrivé sur les étagères de nos librairies non pas un, mais deux ouvrages signés de la main de Giorgio Nardone, l’une des figures de proue les plus actives et créatives du modèle stratégique en psychothérapie. On le sait, Nardone cultive depuis plusieurs décennies maintenant un art du changement consistant à trouver des solutions simples aux problèmes insolubles comme il le qualifie lui-même.
Colloque « L’œuvre de François Roustang ». Dr Grégory Tosti
Le 23 novembre 2016, François Roustang s’est éteint à l’âge de 93 ans. Psychanalyste dissident, philosophe, hypnothérapeute, écrivain, cet ancien jésuite a bouleversé la pratique et la compréhension de l’hypnose et a créé en 1996, avec le Dr Jean-Marc Benhaiem, l’Association française pour l’étude de l’hypnose médicale (AFEHM) ; association qui donna le jour au premier Diplôme universitaire d’hypnose médicale en 2001.
Le 23 novembre 2016, François Roustang s’est éteint à l’âge de 93 ans. Psychanalyste dissident, philosophe, hypnothérapeute, écrivain, cet ancien jésuite a bouleversé la pratique et la compréhension de l’hypnose et a créé en 1996, avec le Dr Jean-Marc Benhaiem, l’Association française pour l’étude de l’hypnose médicale (AFEHM) ; association qui donna le jour au premier Diplôme universitaire d’hypnose médicale en 2001.
Recherches: les applications. Dr Lauriane Bordenave et Dr Adrian Chaboche
La neurochirurgie éveillée est un mythe qu’on agite souvent lorsqu’on parle d’hypnose au bloc opératoire. Sauf qu’il s’agit d’une réalité. La preuve avec cette belle série française. Les glioblastomes de bas grade sont des tumeurs cérébrales malignes infiltrantes, et le défi de la chirurgie est de trouver le meilleur compromis entre l’exérèse la plus complète possible et la préservation des tissus sains adjacents. Pour ce faire, certaines équipes réalisent des craniotomies sur des patients éveillés.
La neurochirurgie éveillée est un mythe qu’on agite souvent lorsqu’on parle d’hypnose au bloc opératoire. Sauf qu’il s’agit d’une réalité. La preuve avec cette belle série française. Les glioblastomes de bas grade sont des tumeurs cérébrales malignes infiltrantes, et le défi de la chirurgie est de trouver le meilleur compromis entre l’exérèse la plus complète possible et la préservation des tissus sains adjacents. Pour ce faire, certaines équipes réalisent des craniotomies sur des patients éveillés.
Hommage à François Roustang. Dr Jean-Marc Benhaiem
Je m’exprime au nom de tous les soignants, médecins, psychologues si nombreux à avoir lu, entendu, aimé et intégré l’œuvre de François Roustang dans leur pratique. Je parle aussi, bien entendu, en mon nom propre. François a bien voulu s’associer à mon projet de formation. Nous avons ainsi travaillé ensemble pendant vingt années, côte à côte, dans notre association d’enseignement de l’hypnose médicale et au sein de l’Université Paris VI à la Pitié-Salpêtrière.
Je m’exprime au nom de tous les soignants, médecins, psychologues si nombreux à avoir lu, entendu, aimé et intégré l’œuvre de François Roustang dans leur pratique. Je parle aussi, bien entendu, en mon nom propre. François a bien voulu s’associer à mon projet de formation. Nous avons ainsi travaillé ensemble pendant vingt années, côte à côte, dans notre association d’enseignement de l’hypnose médicale et au sein de l’Université Paris VI à la Pitié-Salpêtrière.