Selon l’approche jungienne, l’archétype maternel est l’une des principales références du fonctionnement psychique, présent à tous les niveaux de l’être humain, individuel et collectif, primitif et évolué, instinctif et spirituel… Nous plongeons d’emblée dans la complexité de la Grande Mère : son ambivalence, dite aussi "double nature", qui ne s’exprime pas seulement en terme de bonne ou mauvaise mère, bipartition d’apparition récente dans l’histoire des hommes, même si elle est aujourd’hui très active dans notre culture judéo-chrétienne. La Grande Mère contient en potentiel tous les opposés, qu’elle a à charge d’organiser.
Dès l’aube de l’humanité, la Grande Déesse est seule divinité présente dans les croyances ancestrales, associée à la notion d’Origine. Les formes primitives de la religion, dès que l’homme préhistorique a commencé à se questionner sur le sens de son existence et des événements cosmiques, bien avant les peintures rupestres, expriment la présence omnipotente de la Grande Déesse Nature, d’où toute forme vivante était issue (naissance) et vers quoi elle retournait (mort).
L’évolution de ces représentations au plan collectif trace la manière dont, au plan individuel, la mère est perçue par l’enfant selon son degré de développement. À l’aube de l’individu, c'est-à-dire durant la vie fœtale, la mère est ce tout qui précède le monde, à la fois présent et indifférencié.
En fait, c’est "l’avant mère" où tout n’est que potentialité. Cet état initial est souvent symbolisé par l’ouroboros, le serpent qui mord sa propre queue, se dévorant et se régénérant lui-même. Le cercle ainsi formé renferme des paires d’éléments apparemment contradictoires et, à l’origine, indistincts : masculin et féminin, unité et multiplicité, conscient et inconscient, création et destruction, vie et mort…Tout d’abord, ils ne sont pas séparables – ni même discernables – les uns des autres. Puis de cette totalité chaotique naissent des entités distinctes que l’esprit humain perçoit et différencie, puis classe en bonnes et mauvaises.
On trouve sur les cinq continents des récits de création qui placent à l’origine du monde un OEuf cosmique. Cet oeuf est parfois produit par une déesse, Srid-Icam (Tibet), Ryuhwa (Corée). Dans les orphiques grecs, la Nuit, mère, épouse et fille de Phanès est un oiseau aux ailes noires qui engendra Gaïa, la Terre… Dans les premières semaines de vie, la dépendance à la mère reste totale. Elle crée le monde, sa fonction est d’organiser le
chaos sensoriel dans lequel se trouve le nourrisson. Elle est omniprésente et ses moindres agissements prennent une importance écrasante, puisqu’elle détient le pouvoir de vie et de mort.
Ce processus infantile se retrouve dans les récits d’origine du monde, laquelle est souvent décrite comme la conscience émergeant d’un chaos préexistant ou un espace sombre, sans délimitations ni formes, désigné parfois sous le nom d’eaux primordiales. C’est ce vide que la puissance créatrice, la Grande Déesse, s’emploie à ordonner. Dans de nombreuses cosmogonies, le chaos est une obscure étendue d’eau. Parfois le monde est créé par l’eau elle-même. Par exemple, Yemanja, Déesse des eaux primordiales (Niger), s’accouple à son frère le sol pour donner naissance au soleil. De
même, Izanami (Japon) s’accouple à son parèdre Izanagi pour créer la terre avant d’engendrer leurs enfants. Neith (Egypte prédynastique)
était la déesse des eaux célestes et terrestres. Ce concept de l’eau créatrice se retrouve dans la pratique du baptême. Dans la chrétienté, les fonds baptismaux ont parfois été associés à l’utérus de la Vierge Marie. La Grande Déesse organise le cosmos par la seule force de sa volonté, en fonction de sa nature intime, puis le peuple de divinités, d’humains et d’animaux. Dans les innombrables mythes d’origine, la Déesse se manifeste par une multitude d’éléments qui vont des corps célestes aux plantes. Elle est à la fois la Multiple qui se consacre à cette tâche qu’est la génération (création de vie) et l’Unique, l’Immuable. La terre est son corps, un organisme vivant auquel toute chose, organique et inorganique, participe. Sa principale représentation (et la plus ancienne) est la Vénus callipyge ou stéatopyge. Des représentations plus récentes montrent la Grande Déesse de différentes manières selon l’élément considéré. Par exemple, Gangâ (Inde), Boann (Irlande), Oya (Niger) sont les Déesses de cours d’eau. On rencontre aussi les Déesse de la mer, commeAphrodite (Grèce), Sedna (Alaska), Walutahanga (Océanie), les Déesse de la terre, comme Klu-rgyal-mo (Tibet), Dharanî (Inde),
Pélé (Hawaî), Ana (Irlande)… Elles sont toutes dispensatrices de vie et de mort, à la fois fertilisantes et terrifiantes dans leur colère et leur mystère.
À mesure que grandit la distance entre conscient et inconscient, la mère est ressentie comme bonne quand elle satisfait et mauvaise quand elle frustre (Mélanie Klein). De même dans les mythologies, les oppositions intérieures de l’image de la Grande Mère se divisent. La polarité positive (dispensatrice de vie et de réconfort) se détache de la polarité négative (dispensatrice de destruction et de mort). On voit apparaître une déesse bienfaisante et lumineuse face à une autre déesse qui est dangereuse et sombre.
Dans la chrétienté, la Vierge Marie est la face lumineuse. La face sombre, non nommée est placée dans l’humain, tout particulièrement dans la femme sur laquelle est projeté le mauvais, le mal ou le néfaste (cf les "sorcières" brûlées sur les bûchers du Moyen-âge ou, il n’y pas si longtemps, les femmes afghanes porteuses de toutes le calamités…). Dans les contes et légendes, une bonne fée et une méchante sorcière sont souvent associées.
Dans l’antiquité occidentale et surtout dans les civilisations orientales, les contraires demeurent souvent unis dans la même figure sans que la conscience soit troublée par ce paradoxe, par exemple Isis (Egypte) ou Kali (Inde).
Dès l’aube de l’humanité, la Grande Déesse est seule divinité présente dans les croyances ancestrales, associée à la notion d’Origine. Les formes primitives de la religion, dès que l’homme préhistorique a commencé à se questionner sur le sens de son existence et des événements cosmiques, bien avant les peintures rupestres, expriment la présence omnipotente de la Grande Déesse Nature, d’où toute forme vivante était issue (naissance) et vers quoi elle retournait (mort).
L’évolution de ces représentations au plan collectif trace la manière dont, au plan individuel, la mère est perçue par l’enfant selon son degré de développement. À l’aube de l’individu, c'est-à-dire durant la vie fœtale, la mère est ce tout qui précède le monde, à la fois présent et indifférencié.
En fait, c’est "l’avant mère" où tout n’est que potentialité. Cet état initial est souvent symbolisé par l’ouroboros, le serpent qui mord sa propre queue, se dévorant et se régénérant lui-même. Le cercle ainsi formé renferme des paires d’éléments apparemment contradictoires et, à l’origine, indistincts : masculin et féminin, unité et multiplicité, conscient et inconscient, création et destruction, vie et mort…Tout d’abord, ils ne sont pas séparables – ni même discernables – les uns des autres. Puis de cette totalité chaotique naissent des entités distinctes que l’esprit humain perçoit et différencie, puis classe en bonnes et mauvaises.
On trouve sur les cinq continents des récits de création qui placent à l’origine du monde un OEuf cosmique. Cet oeuf est parfois produit par une déesse, Srid-Icam (Tibet), Ryuhwa (Corée). Dans les orphiques grecs, la Nuit, mère, épouse et fille de Phanès est un oiseau aux ailes noires qui engendra Gaïa, la Terre… Dans les premières semaines de vie, la dépendance à la mère reste totale. Elle crée le monde, sa fonction est d’organiser le
chaos sensoriel dans lequel se trouve le nourrisson. Elle est omniprésente et ses moindres agissements prennent une importance écrasante, puisqu’elle détient le pouvoir de vie et de mort.
Ce processus infantile se retrouve dans les récits d’origine du monde, laquelle est souvent décrite comme la conscience émergeant d’un chaos préexistant ou un espace sombre, sans délimitations ni formes, désigné parfois sous le nom d’eaux primordiales. C’est ce vide que la puissance créatrice, la Grande Déesse, s’emploie à ordonner. Dans de nombreuses cosmogonies, le chaos est une obscure étendue d’eau. Parfois le monde est créé par l’eau elle-même. Par exemple, Yemanja, Déesse des eaux primordiales (Niger), s’accouple à son frère le sol pour donner naissance au soleil. De
même, Izanami (Japon) s’accouple à son parèdre Izanagi pour créer la terre avant d’engendrer leurs enfants. Neith (Egypte prédynastique)
était la déesse des eaux célestes et terrestres. Ce concept de l’eau créatrice se retrouve dans la pratique du baptême. Dans la chrétienté, les fonds baptismaux ont parfois été associés à l’utérus de la Vierge Marie. La Grande Déesse organise le cosmos par la seule force de sa volonté, en fonction de sa nature intime, puis le peuple de divinités, d’humains et d’animaux. Dans les innombrables mythes d’origine, la Déesse se manifeste par une multitude d’éléments qui vont des corps célestes aux plantes. Elle est à la fois la Multiple qui se consacre à cette tâche qu’est la génération (création de vie) et l’Unique, l’Immuable. La terre est son corps, un organisme vivant auquel toute chose, organique et inorganique, participe. Sa principale représentation (et la plus ancienne) est la Vénus callipyge ou stéatopyge. Des représentations plus récentes montrent la Grande Déesse de différentes manières selon l’élément considéré. Par exemple, Gangâ (Inde), Boann (Irlande), Oya (Niger) sont les Déesses de cours d’eau. On rencontre aussi les Déesse de la mer, commeAphrodite (Grèce), Sedna (Alaska), Walutahanga (Océanie), les Déesse de la terre, comme Klu-rgyal-mo (Tibet), Dharanî (Inde),
Pélé (Hawaî), Ana (Irlande)… Elles sont toutes dispensatrices de vie et de mort, à la fois fertilisantes et terrifiantes dans leur colère et leur mystère.
À mesure que grandit la distance entre conscient et inconscient, la mère est ressentie comme bonne quand elle satisfait et mauvaise quand elle frustre (Mélanie Klein). De même dans les mythologies, les oppositions intérieures de l’image de la Grande Mère se divisent. La polarité positive (dispensatrice de vie et de réconfort) se détache de la polarité négative (dispensatrice de destruction et de mort). On voit apparaître une déesse bienfaisante et lumineuse face à une autre déesse qui est dangereuse et sombre.
Dans la chrétienté, la Vierge Marie est la face lumineuse. La face sombre, non nommée est placée dans l’humain, tout particulièrement dans la femme sur laquelle est projeté le mauvais, le mal ou le néfaste (cf les "sorcières" brûlées sur les bûchers du Moyen-âge ou, il n’y pas si longtemps, les femmes afghanes porteuses de toutes le calamités…). Dans les contes et légendes, une bonne fée et une méchante sorcière sont souvent associées.
Dans l’antiquité occidentale et surtout dans les civilisations orientales, les contraires demeurent souvent unis dans la même figure sans que la conscience soit troublée par ce paradoxe, par exemple Isis (Egypte) ou Kali (Inde).