Cependant, le co-animateur du groupe, que je ne connaissais pas, ne me faisait pas bon effet. Je le trouvais peu perspicace et même parfois un peu lourd dans ses remarques.
Nous partagions ce sentiment avec les autres membres du groupe que je croisais parfois en dehors des séances autour d’un café. J’en ai fait part à ma thérapeute qui m’assura que mon ressenti était une projection de mon rapport à mon père et m’encouragea à travailler avec le thérapeute sur le sujet lors du prochain regroupement.
Lors de celui-ci, le thérapeute considéra également ma remarque comme une projection et me fit comprendre que j’avais beaucoup de mal à accepter que l’autre ne fut pas parfait, qu’il pouvait faire des erreurs ou tout simplement ne pas correspondre à l’image que je voulais avoir de lui. Mais bientôt les événements s’accélérèrent : les travaux avec d’autres participants dérapèrent parfois en un rapport de force avec le thérapeute qui ne lâchait rien et trouvait un certain plaisir à assujettir le patient en lui faisant comprendre qu’il était seul responsable de cet éclat de voix. Ma psy intervenait à chaque fois pour calmer la situation. Puis, un jour, est arrivée dans le groupe une patiente du thérapeute, Marie. Elle voulait intégrer le groupe car elle souffrait, disait-elle, de solitude.
Au fur et à mesure des séances, les interventions de Marie me mettaient mal à l’aise. Elle distillait beaucoup de propos négatifs lors des feedback: « je suis très jalouse de ta réussite untel, je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas heureuse (en pleurs) » ou encore « j’ai envoyé un sms pour boire un verre avec untel (du groupe) la dernière fois et elle n a pas pu, j’en ai été mortifiée », ou enfin « J’ai passé le week-end seule à me morfondre, car les gens sont égoïstes, ils ont tous des choses à faire et ne pensent pas à moi ». Puis elle s’en est prise à moi me disant qu’elle trouvait que « je prenais trop de place ».
Et là, mes alertes rouges se sont mises à clignoter. C’était l’année de la mort de ma mère, j’étais en dépression, et je sentais quand même que j’avais à faire à une personnalité perverse. Les autres membres du groupe ont réagi au fil des séances en ne partageant plus rien, en ne participant plus aux travaux et la dynamique s’éteignit petit à petit. Je fis plusieurs fois la remarque à ma thérapeute en séance individuelle qui me rétorqua à chaque fois que j’étais en train de reproduire avec cette jeune femme ma situation conflictuelle avec une de mes sœurs.
Je lui fis ensuite remarquer qu’il ne se passait plus rien dans le groupe, ce qu’elle interpréta comme une manière que j’avais d’attendre de la vie toujours qu’il s’y passe beaucoup de choses, que j’avais du mal à me contenter d’être là sans que ce soit « Champagne » tous les jours. Elle me dit même que cette patiente était trop stigmatisée dans le groupe. Mais je tins bon et finit par déclarer mon départ du groupe en séance. Ma thérapeute me demanda d’en faire part lors du prochain regroupement, ce que je fis. Mais au moment où je l’annonçai, elle me pria de bien vouloir spécifier les raisons de mon départ. Je dis alors à Marie que je me sentais très mal à l’aise avec ses interventions et ma gêne m’empêchait de continuer à participer à ces réunions. A ce moment-là, Marie m’insulta et se leva comme pour me frapper. Ma thérapeute bondit de son siège en s’interposant physiquement entre nous. J’étais tétanisée. Marie déclara alors que nous étions des gens atroces, qu’elle était obligée de se laver en rentrant chez elle après les groupes tellement l’odeur de chacun l’importunait etc. etc. Elle quitta le groupe avec perte et fracas, le tout devant son thérapeute, assis dans son siège, immobile, montrant son émotion pour sa patiente « en qui il avait tellement cru ». Son départ délia un peu les langues et les autres membres du groupe témoignèrent de leur peur de cette jeune femme, de la difficulté qu’ils avaient à parler en sa présence, des messages culpabilisant qu’elle leur envoyait …
On me pria de rester dans le groupe, le danger parti, et ma thérapeute me dit que mon état de deuil avancé risquait de m’isoler : ce n’était pas le moment de quitter le groupe.
Nous partagions ce sentiment avec les autres membres du groupe que je croisais parfois en dehors des séances autour d’un café. J’en ai fait part à ma thérapeute qui m’assura que mon ressenti était une projection de mon rapport à mon père et m’encouragea à travailler avec le thérapeute sur le sujet lors du prochain regroupement.
Lors de celui-ci, le thérapeute considéra également ma remarque comme une projection et me fit comprendre que j’avais beaucoup de mal à accepter que l’autre ne fut pas parfait, qu’il pouvait faire des erreurs ou tout simplement ne pas correspondre à l’image que je voulais avoir de lui. Mais bientôt les événements s’accélérèrent : les travaux avec d’autres participants dérapèrent parfois en un rapport de force avec le thérapeute qui ne lâchait rien et trouvait un certain plaisir à assujettir le patient en lui faisant comprendre qu’il était seul responsable de cet éclat de voix. Ma psy intervenait à chaque fois pour calmer la situation. Puis, un jour, est arrivée dans le groupe une patiente du thérapeute, Marie. Elle voulait intégrer le groupe car elle souffrait, disait-elle, de solitude.
Au fur et à mesure des séances, les interventions de Marie me mettaient mal à l’aise. Elle distillait beaucoup de propos négatifs lors des feedback: « je suis très jalouse de ta réussite untel, je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas heureuse (en pleurs) » ou encore « j’ai envoyé un sms pour boire un verre avec untel (du groupe) la dernière fois et elle n a pas pu, j’en ai été mortifiée », ou enfin « J’ai passé le week-end seule à me morfondre, car les gens sont égoïstes, ils ont tous des choses à faire et ne pensent pas à moi ». Puis elle s’en est prise à moi me disant qu’elle trouvait que « je prenais trop de place ».
Et là, mes alertes rouges se sont mises à clignoter. C’était l’année de la mort de ma mère, j’étais en dépression, et je sentais quand même que j’avais à faire à une personnalité perverse. Les autres membres du groupe ont réagi au fil des séances en ne partageant plus rien, en ne participant plus aux travaux et la dynamique s’éteignit petit à petit. Je fis plusieurs fois la remarque à ma thérapeute en séance individuelle qui me rétorqua à chaque fois que j’étais en train de reproduire avec cette jeune femme ma situation conflictuelle avec une de mes sœurs.
Je lui fis ensuite remarquer qu’il ne se passait plus rien dans le groupe, ce qu’elle interpréta comme une manière que j’avais d’attendre de la vie toujours qu’il s’y passe beaucoup de choses, que j’avais du mal à me contenter d’être là sans que ce soit « Champagne » tous les jours. Elle me dit même que cette patiente était trop stigmatisée dans le groupe. Mais je tins bon et finit par déclarer mon départ du groupe en séance. Ma thérapeute me demanda d’en faire part lors du prochain regroupement, ce que je fis. Mais au moment où je l’annonçai, elle me pria de bien vouloir spécifier les raisons de mon départ. Je dis alors à Marie que je me sentais très mal à l’aise avec ses interventions et ma gêne m’empêchait de continuer à participer à ces réunions. A ce moment-là, Marie m’insulta et se leva comme pour me frapper. Ma thérapeute bondit de son siège en s’interposant physiquement entre nous. J’étais tétanisée. Marie déclara alors que nous étions des gens atroces, qu’elle était obligée de se laver en rentrant chez elle après les groupes tellement l’odeur de chacun l’importunait etc. etc. Elle quitta le groupe avec perte et fracas, le tout devant son thérapeute, assis dans son siège, immobile, montrant son émotion pour sa patiente « en qui il avait tellement cru ». Son départ délia un peu les langues et les autres membres du groupe témoignèrent de leur peur de cette jeune femme, de la difficulté qu’ils avaient à parler en sa présence, des messages culpabilisant qu’elle leur envoyait …
On me pria de rester dans le groupe, le danger parti, et ma thérapeute me dit que mon état de deuil avancé risquait de m’isoler : ce n’était pas le moment de quitter le groupe.