J’avais fini par lui reparler de ma colère au sujet de la présence de Marie et lui dit qu’il n’était jamais revenu vers moi depuis les événements (soit 20 séances). Il avoua ne pas s’être souvenu qu’il me devait des explications-mais les membres du groupe en attestèrent – et me fit des excuses. Il avoua qu’il ne s’était pas rendu compte qu’elle était perverse et qu’il avait avec moi des rapports complexes depuis mon arrivée dans le groupe (soit, il y a 7 ans) car il n’arrivait pas à « m’apprivoiser ».
Je fus choquée de ce terme qui me transformait en bête féroce mais je me résolus à ne rien dire, comprenant que j’allais encore avoir droit à mon « intolérance à l’erreur chez la gente masculine »… Puis, dans la même séance, un de ses patients, Georges, lui exprima sa colère. Il nous raconta que depuis quinze jours, le thérapeute refusait de le voir à son horaire habituel de rendez-vous lui rétorquant par deux fois que la séance était un autre jour. Pourtant, Georges voyait depuis 2 ans, son thérapeute le même jour à la même heure. Le thérapeute se mit en colère lui expliquant qu’il n’avait pas à se voir imposer les rendez-vous par ses patients et qu’il était choqué de voir que Georges n’envisageait même pas d’avoir pu faire une erreur, lui !
Puis sa colère monta encore quand le patient lui dit qu’il ne voyait pas comment il aurait pu changer son horaire coutumier sans qu’ils en aient parlé. Et le thérapeute n’en pouvant plus, lui fit deux bras d’honneur, voulant interpréter ainsi« la violence supposée» de la réponse que lui faisait Georges.
Je fus choquée de cela. Les règles de respect et de passage à l’acte étaient maintenant largement franchies et ma thérapeute tentait encore de calmer les esprits en demandant à Georges ce que lui rappelait cette scène avec le thérapeute. Et là, j’assistai à une confession où Georges avoua que son père manquait souvent leur rendez-vous… Je pris alors conscience de ce qui était à mes yeux une manipulation : le thérapeute dépassait les bornes et on renvoyait le patient à une possible projection, déresponsabilisant ainsi l’acteur principal ! Je voulus partir sur le champ mais la peur d’être taxée de « passage à l’acte » me fit garder ma place en silence- je pris alors, en moi, la décision de quitter définitivement le groupe. Les autres membres, témoins de l’esclandre, reconnurent que le thérapeute était allé loin mais nous avions l’habitude de ce genre de brouille (le thérapeute ne sachant comment synchroniser ses agendas électroniques, la scène était malheureusement connue de tous, sauf de son auteur).
J’annonçai ma décision à ma psy en séance individuelle. Elle me demanda de revenir au prochain groupe pour dire mon sentiment et déclara que je ne pouvais pas quitter le groupe sans faire les 3 regroupements prévus par ses règles et dire au revoir au groupe… ce fut trop ! Il me fallut quatre séances individuelles pour lui faire entendre que je n’allais pas participer à un énième abus de pouvoir de la part de ce thérapeute et qu’à partir du moment où les bornes étaient franchies je n’étais plus tenue à aucun code de loi. Face à sa résistance et aux sempiternelles remontrances « tu as vu comment tu es intolérante à l’erreur » je pris la décision d’arrêter aussi ma thérapie individuelle.
Elle accueillit mon annonce avec stupeur me demandant pourquoi je n’acceptais pas de traverser ces épreuves avec elle et que je partais à la première difficulté ! Je lui expliquai alors que je ne décolérais pas d’avoir participé à ces abus de pouvoir de la part du thérapeute, et qu’elle y avait d’ailleurs joué le rôle de complice. Elle fut choquée et me demanda de m’expliquer. Je lui fis comprendre alors qu’elle m’avait prescrit ces séances de groupe et qu’elle n’avait eu de cesse de me renvoyer à moi quand son partenaire dépassait les bornes, me faisant croire qu’il s’agissait de moi, de mon intolérance etc.
Étant quelqu’un de facilement « coupable » je me remettais évidemment à chaque fois en question. J’ajoutai qu’en restant silencieuse face aux débordements de son partenaire elle cautionnait son comportement, et que je ne supportais plus cela. Elle essaya encore de me dire que ce n’était qu’une erreur de son camarade (qui est aussi un de ses amis) et que d’ailleurs Georges et lui avaient retrouvé une entente cordiale ! C’en était trop : parce que l’abusé faisait la paix avec son abuseur, alors tout devait bien se passer ?
A ces mots, ma thérapeute s’effondra en larmes, et j’assistai à quinze minutes de sanglots où elle me demanda pardon. Elle me dit que nous devions faire encore trois séances pour terminer le travail. Mais j’étais sonnée. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Ou si, je comprenais que je n’avais plus rien à faire ici et qu’il me fallait partir. Elle me fixa un rendez-vous la semaine suivante que j’annulai par mail le samedi pour le mardi en lui disant combien notre dernière entrevue avait été éprouvante pour moi. Elle me répondit que comme la règle des 48 heures ouvrées n’était pas respectée je lui devais la séance de mardi !!!
Je ne répondis plus et ne paya pas cette ultime séance.
Ainsi, se termina un chemin de huit ans et demie de thérapie : par les sanglots de ma thérapeute et la demande d’un règlement.
Si beaucoup autour de moi ont salué mon sursaut et la légitimité de mon indignation, cette expérience m’a fait beaucoup réfléchir sur mon chemin.
Il serait tout à fait faux de dévaloriser ces années passées dans un cabinet de gestalt thérapeute- j’entends déjà certains rire de la piscine en or que j’ai payé à ma psy !
J’y ai principalement appris à définir ce qui dépendait de moi et ce qui n’en dépendait pas. J’ai aussi appris à exprimer mon ressenti sur les situations que je vis et apparemment, à dénoncer les abus. Ceci reste un apprentissage important. Mais j’y ai aussi expérimenté que la liberté de pensée est une chose précieuse et….aliénable au moins pour un temps.
Je ne sais pas ce qu’est un bon thérapeute, je ne sais pas ce qu’est une bonne thérapie : ce que je sais c’est qu’une enfance malheureuse se paye de la répétition de nombreux abus à l’âge adulte, quels que soient les efforts que l’on fait pour s’en sortir. Alors, la meilleure chose que je retiens de tout cela est de protéger l’enfant qui est en nous et à côté de nous, car, sinon, la route est longue.
Je fus choquée de ce terme qui me transformait en bête féroce mais je me résolus à ne rien dire, comprenant que j’allais encore avoir droit à mon « intolérance à l’erreur chez la gente masculine »… Puis, dans la même séance, un de ses patients, Georges, lui exprima sa colère. Il nous raconta que depuis quinze jours, le thérapeute refusait de le voir à son horaire habituel de rendez-vous lui rétorquant par deux fois que la séance était un autre jour. Pourtant, Georges voyait depuis 2 ans, son thérapeute le même jour à la même heure. Le thérapeute se mit en colère lui expliquant qu’il n’avait pas à se voir imposer les rendez-vous par ses patients et qu’il était choqué de voir que Georges n’envisageait même pas d’avoir pu faire une erreur, lui !
Puis sa colère monta encore quand le patient lui dit qu’il ne voyait pas comment il aurait pu changer son horaire coutumier sans qu’ils en aient parlé. Et le thérapeute n’en pouvant plus, lui fit deux bras d’honneur, voulant interpréter ainsi« la violence supposée» de la réponse que lui faisait Georges.
Je fus choquée de cela. Les règles de respect et de passage à l’acte étaient maintenant largement franchies et ma thérapeute tentait encore de calmer les esprits en demandant à Georges ce que lui rappelait cette scène avec le thérapeute. Et là, j’assistai à une confession où Georges avoua que son père manquait souvent leur rendez-vous… Je pris alors conscience de ce qui était à mes yeux une manipulation : le thérapeute dépassait les bornes et on renvoyait le patient à une possible projection, déresponsabilisant ainsi l’acteur principal ! Je voulus partir sur le champ mais la peur d’être taxée de « passage à l’acte » me fit garder ma place en silence- je pris alors, en moi, la décision de quitter définitivement le groupe. Les autres membres, témoins de l’esclandre, reconnurent que le thérapeute était allé loin mais nous avions l’habitude de ce genre de brouille (le thérapeute ne sachant comment synchroniser ses agendas électroniques, la scène était malheureusement connue de tous, sauf de son auteur).
J’annonçai ma décision à ma psy en séance individuelle. Elle me demanda de revenir au prochain groupe pour dire mon sentiment et déclara que je ne pouvais pas quitter le groupe sans faire les 3 regroupements prévus par ses règles et dire au revoir au groupe… ce fut trop ! Il me fallut quatre séances individuelles pour lui faire entendre que je n’allais pas participer à un énième abus de pouvoir de la part de ce thérapeute et qu’à partir du moment où les bornes étaient franchies je n’étais plus tenue à aucun code de loi. Face à sa résistance et aux sempiternelles remontrances « tu as vu comment tu es intolérante à l’erreur » je pris la décision d’arrêter aussi ma thérapie individuelle.
Elle accueillit mon annonce avec stupeur me demandant pourquoi je n’acceptais pas de traverser ces épreuves avec elle et que je partais à la première difficulté ! Je lui expliquai alors que je ne décolérais pas d’avoir participé à ces abus de pouvoir de la part du thérapeute, et qu’elle y avait d’ailleurs joué le rôle de complice. Elle fut choquée et me demanda de m’expliquer. Je lui fis comprendre alors qu’elle m’avait prescrit ces séances de groupe et qu’elle n’avait eu de cesse de me renvoyer à moi quand son partenaire dépassait les bornes, me faisant croire qu’il s’agissait de moi, de mon intolérance etc.
Étant quelqu’un de facilement « coupable » je me remettais évidemment à chaque fois en question. J’ajoutai qu’en restant silencieuse face aux débordements de son partenaire elle cautionnait son comportement, et que je ne supportais plus cela. Elle essaya encore de me dire que ce n’était qu’une erreur de son camarade (qui est aussi un de ses amis) et que d’ailleurs Georges et lui avaient retrouvé une entente cordiale ! C’en était trop : parce que l’abusé faisait la paix avec son abuseur, alors tout devait bien se passer ?
A ces mots, ma thérapeute s’effondra en larmes, et j’assistai à quinze minutes de sanglots où elle me demanda pardon. Elle me dit que nous devions faire encore trois séances pour terminer le travail. Mais j’étais sonnée. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Ou si, je comprenais que je n’avais plus rien à faire ici et qu’il me fallait partir. Elle me fixa un rendez-vous la semaine suivante que j’annulai par mail le samedi pour le mardi en lui disant combien notre dernière entrevue avait été éprouvante pour moi. Elle me répondit que comme la règle des 48 heures ouvrées n’était pas respectée je lui devais la séance de mardi !!!
Je ne répondis plus et ne paya pas cette ultime séance.
Ainsi, se termina un chemin de huit ans et demie de thérapie : par les sanglots de ma thérapeute et la demande d’un règlement.
Si beaucoup autour de moi ont salué mon sursaut et la légitimité de mon indignation, cette expérience m’a fait beaucoup réfléchir sur mon chemin.
Il serait tout à fait faux de dévaloriser ces années passées dans un cabinet de gestalt thérapeute- j’entends déjà certains rire de la piscine en or que j’ai payé à ma psy !
J’y ai principalement appris à définir ce qui dépendait de moi et ce qui n’en dépendait pas. J’ai aussi appris à exprimer mon ressenti sur les situations que je vis et apparemment, à dénoncer les abus. Ceci reste un apprentissage important. Mais j’y ai aussi expérimenté que la liberté de pensée est une chose précieuse et….aliénable au moins pour un temps.
Je ne sais pas ce qu’est un bon thérapeute, je ne sais pas ce qu’est une bonne thérapie : ce que je sais c’est qu’une enfance malheureuse se paye de la répétition de nombreux abus à l’âge adulte, quels que soient les efforts que l’on fait pour s’en sortir. Alors, la meilleure chose que je retiens de tout cela est de protéger l’enfant qui est en nous et à côté de nous, car, sinon, la route est longue.