Comment êtes-vous chez le coiffeur ? Taiseux... ou prolixe ? Face au miroir, nous sommes, paraît-il, assez prévisibles. "Environ six personnes sur dix vont écouter les conseils. Les autres ont surtout besoin qu'on les écoute", remarque Anthony Galifot, coiffeur à Nantes et auteur d'Autour du fauteuil (L'Atalante, 2012, 128 p., 10.50 euros). Un monologue cheveux mouillés qui peut démarrer par un classique : "Vous ne trouvez pas que j'ai pris un peu de poids ?" Ou, plus direct : "Ah, non, pas de frange, je vais ressembler à ma mère !"
Sans que personne recense le phénomène, des lieux de confession intimes se sont multipliés depuis un demi-siècle. Fini les lavoirs, les confessionnaux... Voici les salons de coiffure, de beauté, les librairies, les antiquaires, les encadreurs... Et bien sûr les cafés.
L'essor de la vie numérique depuis dix ans (30 millions de Français appartiennent à un réseau social et 16 millions s'épanchent sur des forums, selon Médiamétrie) ne change rien : dans la vie réelle, des centaines de milliers de prestataires de services marchands se retrouvent quotidiennement à gérer mots et maux de leurs clients.
Problème avec son ado, conjoint volage, abstinence sexuelle mal vécue, maladie... Ces monologues peuvent durer de quelques minutes à... plus d'une heure. "Depuis un an, les clientes nous parlent de plus en plus du travail. Peur du licenciement, stress dû à la multiplication des petits boulots", note Johanna Cohen, esthéticienne parisienne qui estime que la moitié de sa clientèle se confie en séance. "Dans ces lieux d'écoute, les gens se mettent entre les mains des autres, physiquement et psychiquement", poursuit Soledad Ottoné, longtemps libraire à Santiago du Chili. "Pour les gens, il semble important d'avoir quelqu'un qui les écoute et qui ne soit pas de la famille", remarque Alexandre, libraire également.
Un calcul approximatif permet de mesurer l'ampleur de cette parole intime qui jaillit un peu partout. Si les 160 000 coiffeurs recensés par la fédération nationale accueillent chacun dix personnes par jour et que quatre sur dix s'épanchent, cela donne plus de 600 000 confessions quotidiennes dans les salons hexagonaux. Le même calcul, fondé sur les chiffres de la Confédération nationale artisanale des instituts de beauté, permet d'ajouter 200 000 confidences.
Selon ces confesseurs d'un nouveau type, ce lâcher-prise suit même des rituels. "C'est pendant la coupe que les personnes se livrent, au moment où notre bouche est proche de l'oreille", note Alain, coiffeur parisien. Dans les salons d'esthétique, "c'est pendant les épilations, et non les massages, remarque Mme Cohen, quand la personne passe sur le ventre et ne [les] regarde plus".
Sans que personne recense le phénomène, des lieux de confession intimes se sont multipliés depuis un demi-siècle. Fini les lavoirs, les confessionnaux... Voici les salons de coiffure, de beauté, les librairies, les antiquaires, les encadreurs... Et bien sûr les cafés.
L'essor de la vie numérique depuis dix ans (30 millions de Français appartiennent à un réseau social et 16 millions s'épanchent sur des forums, selon Médiamétrie) ne change rien : dans la vie réelle, des centaines de milliers de prestataires de services marchands se retrouvent quotidiennement à gérer mots et maux de leurs clients.
Problème avec son ado, conjoint volage, abstinence sexuelle mal vécue, maladie... Ces monologues peuvent durer de quelques minutes à... plus d'une heure. "Depuis un an, les clientes nous parlent de plus en plus du travail. Peur du licenciement, stress dû à la multiplication des petits boulots", note Johanna Cohen, esthéticienne parisienne qui estime que la moitié de sa clientèle se confie en séance. "Dans ces lieux d'écoute, les gens se mettent entre les mains des autres, physiquement et psychiquement", poursuit Soledad Ottoné, longtemps libraire à Santiago du Chili. "Pour les gens, il semble important d'avoir quelqu'un qui les écoute et qui ne soit pas de la famille", remarque Alexandre, libraire également.
Un calcul approximatif permet de mesurer l'ampleur de cette parole intime qui jaillit un peu partout. Si les 160 000 coiffeurs recensés par la fédération nationale accueillent chacun dix personnes par jour et que quatre sur dix s'épanchent, cela donne plus de 600 000 confessions quotidiennes dans les salons hexagonaux. Le même calcul, fondé sur les chiffres de la Confédération nationale artisanale des instituts de beauté, permet d'ajouter 200 000 confidences.
Selon ces confesseurs d'un nouveau type, ce lâcher-prise suit même des rituels. "C'est pendant la coupe que les personnes se livrent, au moment où notre bouche est proche de l'oreille", note Alain, coiffeur parisien. Dans les salons d'esthétique, "c'est pendant les épilations, et non les massages, remarque Mme Cohen, quand la personne passe sur le ventre et ne [les] regarde plus".